Autoroute A69 : un chantier à l'arrêt, l'État contre-attaque
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La décision du tribunal administratif de Toulouse de suspendre le chantier de l’autoroute A69 reliant Toulouse à Castres a provoqué une réaction immédiate du gouvernement.
Le ministère des Transports Philippe Tabarot a annoncé son intention de faire appelet de demander un sursis à exécution de cette décision jugée « ubuesque ».
Un chantier avancé remis en cause
Le tribunal a annulé l’arrêté préfectoral autorisant les travaux, marquant une première pour un projet routier d’une telle ampleur. Pourtant, l’autoroute A69 avait été déclarée d’utilité publique en 2018 et bénéficiait, selon le gouvernement, d’un large soutien local.
Face à cette remise en cause, le ministre des Transports estime que la complexité des procédures actuelles nuit à la stabilité des projets d’infrastructure. « Un projet ayant obtenu toutes les autorisations nécessaires et même démarré les travaux peut se retrouver remis en question à tout moment. Ce n’est pas acceptable », a-t-il affirmé.
Le gouvernement envisage donc des mesures de simplification pour éviter que de telles situations ne se reproduisent à l’avenir.
Un débat sur la réglementation des grands chantiers
La suspension du chantier, alors qu’il est déjà réalisé aux deux tiers, soulève de nombreuses interrogations sur la faisabilité des grands projets d’infrastructure en France, et s’inscrit dans un contexte plus large de débat sur la simplification administrative et réglementaire dans le secteur des travaux publics.
Récemment, la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) a critiqué le manque d’ambition des propositions de simplification présentées par la Commission européenne. Elle regrette notamment que les grandes entreprises du secteur soient toujours soumises à un cadre réglementaire rigide.
À propos du chantier de l’A69, la FNTP déplore un « non-sens économique », un « non-sens démocratique », voire un « non-sens territorial », en soulignant que « la Région Occitanie, le Conseil Départemental du Tarn, la Communauté d’Agglomération Castres-Mazamet et la Communauté de Communes du Sor et de l’Agout soutiennent unanimement le projet ».
« Quel acteur économique pourrait raisonnablement s’engager dans un nouveau projet, en sachant que ce dernier peut se retrouver remis en question du jour au lendemain ? », interroge son président, Alain Grizaud.
Alors que l’État entend poursuivre le projet, les opposants à l’A69, qui contestent son impact écologique et son utilité réelle, voient dans cette suspension une victoire temporaire.
Marie Gérald
Photo de Une : Adobe Stock