"L'architecture d'un monde durable doit redevenir une architecture désirable"
Les 9 et 10 octobre, ces femmes et hommes qui conçoivent dessinent et construisent notre environnement au plus quotidien, vont échanger sous l'égide du centre d'architecture arc en rêve, à l'entrepôt Lainé sur le thème "Architecture et développement durable".
Ca commence à faire convenu, ce "durable" à toutes les sauces, et dans toutes les bouches.
"C'est une nouvelle religion et il n'y a pas plus louche que cette unanimité" consent Francine Fort, directrice d'arc en rêve, " l'enjeu de ces rencontres sera de sortir du piège, entre une prise de conscience des enjeux du développement et un terme qui finit par perdre son sens", tellement l'usure des mots à force d'usage peut avoir un effet pervers redoutable quant à leur sens.
Au-delà de l'économie d'énergie, le plaisir d'habiter
Il y a aussi dans ce Forum une très forte volonté politique d'affirmer l'architecture, ou plutôt les architectes comme étant en première ligne dans cette approche du " durable".
" Qu'est ce qu'on fait avec ça? Le durable ne se limite pas aux questions de constructions. Il s'entend aussi avec du social, du désir, du plaisir à habiter", se dit Francine Fort.
Désir, le mot est lâché, et sur le menu encore provisoire de ce grand colloque européen de l'architecture, "désirable" se conjugue avec " durable". "L'ère du développement durable commence. Au-delà des imaginantions de bureau et de la déraison des normes, l'architecture d'un monde durable doit réinventer la relation, redevenir une architecture désirable, non une utopie sans récit mais l'expression complexe d'un projet collectif" écrit François Barré, qui cumule les présidences, des Rencontres photographiques d'Arles au Centre Pompidou en passant par le domaine du château de Chaumont-sur-Loire où Jean-Paul Pigeat inventa le Festival des Jardins, balade ludique regorgeant de plaisir aussi.
Il "vous revient de hausser le ton et de vous engager dns une oeuvre chorale au sein de cette Europe, qui, trop économique, a négligé la culture" lance encore François Barré.
Le président d'arc en rêve remet au passage le " durable" dans une plus juste perspective que celle d'une vague en forme de mode qui pourrait être bien vite balayée par quelque étourdisssant besoin de faire des mots: "nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles". Paul Valéry en 1919.
Mettez vos plans dans la poche, marchez dans la boue
Et Fernand Léger s'adressant aux architectes, en 1933: "Au point de vue artistique je vous dis :"bravo"! Vous avez créé un fait architectural absolument nouveau. Mais au point de vue urbain-social, vous avez exagétré par excès de vitesse. Si vous voulez faire de l'urbnisme, je crois qu'il faut oublier que vous êtes des artistes (...) Vous avez derrière vous et à vos côtés des hommes qui attendent quelque chose (...) Mettez vos plans dans vos poches, descendez dans la rue, écoutez-les respirer, vous devez prendre contact (...) , marcher dans la même boue et la même poussière".