Au contraire, c'est la croissance "verte" qui remplira les caisses. Il s'agit d'investir de manière publique et privée pour faire des économies, notamment d'énergie et donc améliorer le pouvoir d'achat.

Eliane : Comment la croissance verte peut nous être utile en ce moment de crise ?

D'abord moralement, en revenant au réel. Ensuite, parce qu'il s'agit d'investissements rentables et créateurs d'emplois. Le chantier des économies d'énergie dans les bâtiments est estimé à plus de 250 000 emplois.

David : Avant que la « révolution verte » soit en marche, on va avoir une grosse crise économique. Pour quand prévoyez-vous un retournement de situation ?

La "révolution verte", comme vous dites à juste titre, est déjà en marche. 75% des Français estiment que, depuis le Grenelle, leur comportement a énormément changé. Et plus de 60% considèrent que leurs entreprises ou leurs villes tiennent compte ou agissent en faveur de l'environnement. Les chantiers d'économie d'énergie dans les bâtiments vont démarrer maintenant pour être en régime de croisière dans les deux ans. Pour les grandes infrastructures: autoroutes ferroviaires, canaux, autoroutes maritimes, cela prendra de trois à cinq ans. Le chantier des économies d'énergie dans les bâtiments est estimé à plus de 250 000 emplois.

Marion : Pensez-vous vraiment que les particuliers aient autant de moyens à disposition que pour le siège de l'Ademe à Angers ?

Le siège de l'Ademe est très performant aux plans thermique et énergétique. 31kW/h du m2, c'est six fois moins de consommation d'énergie et donc de dépense que la moyenne des sièges sociaux en France. Pour un surcoût de 5% environ. C'est évidemment rentable même s'il y a un investissement de départ. C'est pour ça que nous mettons en place un éco-prêt à taux zéro pour les particuliers ainsi que des crédits d'impôt de façon à ce que l'investissement soit payé par les économies.

Arielle : Pourquoi aider et donner de l'argent aux constructeurs autos alors qu'ils ne font pas les efforts nécessaires aux voitures hybrides ?

Il n'y a pas de financement direct aux constructeurs. Il y aura une orientation des financements, recherche publique prévus dans le Grenelle pour les produits décarbonés. Par ailleurs le bonus écologique est une aide au consommateur et en même temps un signal très puissant donné aux constructeurs pour leur dire clairement que les Français veulent des voitures plus économes en carbone et en énergie.

Fléau : L'autonomie énergétique de chaque territoire... Ca passe par quoi ?

Pétrole, gaz, charbon sont des énergies dont les gisements sont très localisés et sont donc transportés et vendus partout dans le monde. Ce qui est le contraire de l'autonomie pour la grande majorité des territoires. Alors qu'il y a partout soit du vent, soit du soleil, soit de la géothermie, soit de l'eau, soit des océans, soit de la biomasse. L'autonomie, c'est que chaque territoire en fonction de sa spécificité, puisse produire sa propre énergie.

Samir77 : Etes-vous déçu que le bonus-malus n'ait pas été étendu à d'autres produits ? C'était pourtant un moyen pour avoir des fonds pour financer le Grenelle et changer l'économie en durable. Maintenant on ne parle plus que d'une famille de produits et non vingt qui seraient concernées par une extension ?

Le bonus-malus est une véritable innovation puisqu'il tente de définir un juste prix, une forme de prix écologique. Il a été appliqué sur un des produits les plus symboliques avec succès. Nous travaillons sur une deuxième famille de produits dans la plus grande concertation. Il faut réussir cette deuxième famille, avant de poursuivre. Le Président de la République a réaffirmé le principe de l'extension. Je ne suis pas déçu puisque nous avançons mais j'y tiens tellement que j'essaie de m'entourer de toutes les précautions pour m'assurer que ce sera bon pour l'écologie, bon pour le pouvoir d'achat et positif socialement.

Eliott : Comment faire votre révolution si on n'a pas d'argent pour la recherche ?

Le Grenelle a prévu un milliard d'euros spécifiques sur nos projets de recherche. Nous réfléchissons par ailleurs à accentuer la recherche concernant les mers et océans : 70% de la planète et chance unique pour l'homme.

Raoul : Vous vous êtes engagé à réduire de moitié les pesticides... Bonnes nouvelles, mais comment expliquez-vous alors que les agriculteurs y aient encore plus recours aujourd'hui ?

J'ai entendu ce chiffre peut-être comme vous ce matin. Il faut donc suivre précisément l'exécution de cet engagement de la profession. D'ores et déjà 15 des 30 substances qui devaient être retirées d'ici fin 2008 l'ont été.

Gabin : Quels sont les principaux axes de travail du Grenelle II ?

Economies d'énergie, protection de la biodiversité, protection de la mer et du littoral, qualité des eaux, réduction des déchets, recyclage, "désintoxication" du pétrole, qualité de l'air, et d'une manière plus générale, les problématiques : "santé environnement". Pour plus de détails, vous pouvez consulter le site du Grenelle: www.legrenelle-environnement.fr ou le site du ministère: www.developpement-durable.gouv.fr.

Merci pour ce moment et ces échanges. J'ai été très frappé par la grande précision des questions qui témoignent à la fois d'un intérêt et d'une connaissance approfondie de sujets pourtant au très techniques et complexes. Ca fait chaud au cœur!