La pénurie de logements sociaux aggrave l'habitat indigne

Dans un nouveau rapport, la Chambre régionale des comptes d'Île-de-France pointe une « crise structurelle » du logement social dans la région francilienne.
Avec 1,4 million de logements sociaux au 1er janvier 2024, soit un quart du parc social national, l’Île-de-France peine à répondre aux besoins croissants de ses habitants.
Le nombre de demandeurs a doublé depuis 2010, et aujourd’hui, seulement une demande sur dix aboutit, contre une sur quatre à l’échelle nationale. En conséquence, 840 000 demandes restent en attente.
Cette saturation du parc social a un effet pervers : elle pousse les ménages plus précaires, incapables de trouver une place dans le parc social conventionné, à se tourner vers des logements insalubres ou dégradés, formant ainsi un « parc social de fait ».
Éviter la sous-occupation
Pour désengorger le parc social, la Chambre régionale des comptes recommande notamment d’inciter les ménages occupant des logements devenus trop grands de les échanger contre des logements plus petits. Cela passerait par des contreparties financières, la garantie d’une stabilité des loyers, et la prise en charge des frais de déménagement sous conditions de ressources.
L’objectif est d’éviter la sous-occupation et de libérer des espaces pour les familles les plus nécessiteuses.
Cependant, le rapport souligne que le supplément de loyer appliqué aux ménages dont les revenus dépassent les plafonds n’a pas permis de libérer suffisamment de logements. De plus, la construction neuve reste bien en deçà des attentes : seulement 18 499 pour des logements sociaux en 2023 et 16 000 en 2024, loin des 37 000 annuels fixés par les pouvoirs publics.
Des réformes insuffisantes ?
Malgré diverses réformes - gouvernance des établissements, regroupement des organismes, et dispositifs de rattrapage pour la production de logements sociaux -, la situation ne s’améliore pas. Le rapport accuse une volonté politique insuffisante, soulignant que l’atteinte du taux de 25 % de logements sociaux par commune dépend davantage des élus locaux que de réelles contraintes techniques.
Enfin, la chambre régionale des comptes déplore le « maintien d’une ségrégation spatiale » : les collectivités ayant peu de quartiers prioritaires font moins d’efforts pour loger les ménages modestes hors de ces zones sensibles.
Pour remédier à cette opacité, elle recommande la mise en place systématique de la cotation des dossiers de demande de logement, adoptée et délibérée par les instances intercommunales, afin d’assurer une attribution plus transparente et équitable.
Marie Gérald (Avec AFP)
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