Impact environnemental et facture des ménages : la réalité du chauffage au bois
Chauffage au bois : un bilan carbone neutre ?
Parmi les énergies disponibles, le bois est considéré en France comme un moyen de chauffage peu polluant. Il est même parfois présenté comme un combustible à bilan carbone neutre. C’est possible théoriquement si la quantité de CO2 absorbée durant la croissance de l’arbre est équivalente à celle émise lors de la combustion.
L’équation est bien souvent plus complexe et plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Mais il est vrai qu’en France, l’exploitation des forêts et la transformation en bois de chauffage (sciage, séchage, conditionnement) ne génèrent que peu de déchets, surtout en comparaison des énergies fossiles; Par ailleurs, il est important d’utiliser du bois issu d’une filière locale et n’ayant donc nécessité que peu de transports.
En choisissant un bois local, issu d’une gestion forestière raisonnée, l’impact du chauffage au bois sur l’environnement est alors limité, dans la mesure où votre appareil de chauffage est efficace et que vous respectez certains principes d’utilisation. En effet, en brûlant le bois émet du CO2 mais également des particules fines, généralement présentes lors d’une mauvaise combustion. Elles peuvent donc facilement être limitées si vous suivez ces quelques conseils.
Comment moins polluer en se chauffant au bois ?
La combustion du bois libère des particules fines, des composés organiques volatils (COV) et du monoxyde de carbone. Les particules fines, en particulier, sont connues pour leurs effets nocifs sur la santé humaine. On estime en France que 40 000 décès seraient dus aux particules fines (toutes activités émettrices confondues). Il existe cependant des moyens pour réduire, voire supprimer, ces émissions.
Le faible rendement des cheminées ouvertes
La combustion du bois est peu efficace dans une cheminée ouverte, où l’on note une perdition de 90 % de l’énergie fournie par une bûche. Par ailleurs, ce mode de chauffage génère des émissions importantes de polluants dans l’air. Il est responsable en hiver de plus de 40 % des émissions de particules fines.
Les flambées « plaisir », pour des petites soirées au coin du feu, sont donc à proscrire. En plus de polluer, elles gaspillent beaucoup de bois pour peu d’efficacité. Pour rappel, certaines communes ont d’ores et déjà interdit l’utilisation des foyers ouverts sur leur territoire.
Opter pour des équipements modernes
Pour réduire les émissions de polluant et augmenter l’efficacité énergétique, il convient d’utiliser des poêles à bois ou des chaudières à granulés modernes. Ces nouveaux appareils disposent de rendements permettant de restituer en chaleur 75 % à 90 % de l’énergie contenue dans le bois. Concrètement, ils consomment 5 fois moins de bois qu’un système de chauffage plus ancien.
Ces nouveaux appareils émettent également 10 fois moins de particules fines. Pour maintenir ce niveau d’efficacité, il est nécessaire d’entretenir de manière régulière ses différents équipements. L’appareil est le conduit de fumée doivent être entretenus tous les ans par un professionnel qualifié.
Bien choisir et stocker son bois
Pour optimiser le rendement des appareils et diminuer les émissions de polluant, il convient de suivre ces quelques règles :
- Acheter un bois qui respecte les labels de qualité en vigueur
- Choisir un bois sec, dont le taux d’humidité est inférieur à 23 %
- Brûler un bois avec le moins d’écorce possible
- Ne jamais mettre au feu un bois traité, ancien ou aggloméré
- Rentrer le bois à l’intérieur 48 heures avant sa combustion
- Pour un bois coupé soi-même, le laisser sécher 18 mois au minimum
- Le faire sécher dans un endroit sec et aéré, à l’abri de la pluie et sans contact direct avec le sol
Attention, les sacs de granulés sont particulièrement sensibles à l’humidité.
Quels impacts sur les forêts ?
Le bois est une source d’énergie renouvelable dans la mesure où il peut être régénéré. En théorie, le bois peut être replanté et fournir une source d'énergie stable. Cela implique une gestion durable des forêts, où les arbres abattus sont remplacés par de nouvelles plantations.
Dans de nombreuses régions du monde, les forêts sont déjà sous pression en raison de la déforestation pour l’agriculture ou l’urbanisation. Cela pose la question de savoir si l’augmentation de la demande en bois de chauffage pourrait aggraver ces problèmes environnementaux.
En France, les forêts représentent 27 % du territoire national et le chauffage au bois permet de financer leur entretien dans la mesure où vous consommez du bois issu d’une activité déclarée et labellisé PEFC garantissant une gestion saine de sa forêt de provenance.
Le bois, garant d’une indépendance énergétique ?
En termes de coûts, le chauffage au bois est souvent considéré comme une solution économique, surtout par rapport au chauffage électrique ou au gaz. Le prix du bois reste relativement stable, et dans certaines régions, il est possible de se procurer du bois à moindre coût ou de le récolter soi-même, ce qui offre une certaine indépendance énergétique.
Le bois de chauffage permet également aux foyers de réduire leur dépendance aux combustibles fossiles, dont les prix peuvent être sujets à des fluctuations importantes en fonction des tensions géopolitiques ou des crises économiques.
Alexandre Masson
Photo de une : Adobe Stock