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"Nous nous préparons à une année difficile"

Publié le 26 janvier 2009

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A l'occasion de la nouvelle année, interview de Pierre Laplante, directeur de Cemex France, qui fait le point sur l'année écoulée et détaille les perspectives pour 2009. Sans oublier de revenir sur les objectifs environnementaux et ses idées pour traverser la crise.
"Nous nous préparons à une année difficile" - Batiweb
Votre chiffre d'affaire en 2008 est en hausse de 4,6%. Quelles activités y ont contribué ?

En termes de volumes, dans le béton, nous avons terminé l'année à peu près au même volume qu'en 2007. Dans le granulat nous sommes à environ 3,5% de moins qu'en 2007. Notre CA a progressé grâce à une augmentation des prix de vente du granulat, malgré la baisse de volume, et par une relative bonne activité dans le béton.

Peut-on dire pour autant que Cemex ne souffre pas de la crise ?

Nous avons réalisé une très bonne année 2008, essentiellement du au fait que nous avons eu un premier semestre très fort. C'est en grande partie grâce aux six premiers mois que nous avons pu battre notre record en termes de CA. Aujourd'hui, nous sommes dans l'incertitude, comme nous pouvons d'ailleurs l'entendre tous les jours via les médias...

Justement, quelles sont vos perspectives d'évolution pour 2009 ?

En 2009, nous avons budgété une activité en baisse de 12%. En effet, nous estimons que l'activité accusera une baisse située entre -10 et -15%, en volume, béton et granulat confondus. Nous nous préparons donc à une année difficile...et si nous en restons à une baisse 10%, nous considérerons que l'année 2009 n'aura pas été si mauvaise. Nous ne savons pas encore quel impact aura le plan de Nicolas Sarkozy sur les projets des collectivités locales. Il peut y avoir des impacts positifs dans un certain nombre de projets d'infrastructure, plus que dans le secteur du logement, qui ne repartira pas de façon significative en 2009. On peut aussi compter sur la rénovation pour stimuler l'activité.

Quelles sont vos alternatives pour compenser la baisse d'activité ?

Nous nous concentrons encore plus sur les produits innovants. Nous allons profiter de cette période pour focaliser nos forces de vente sur ces produits novateurs qui représentent des solutions « gagnant – gagnant » : ces produits contribuent à rendre nos clients plus productifs et ils sont pour nous des produits à plus forte valeur ajoutée. Au cours des dernières années, nous avons également beaucoup renouvelé nos outils de production, et allons donc tirer profit de ces investissements. En effet, comme la majorité des entreprises, nous investirons peu en 2009.

Quels sont ces produits innovants que vous évoquiez plus haut ?

Ce sont les produits spéciaux : par exemple la gamme Advanci composée de bétons autoplaçants, autonivelants et architectoniques, la gamme Granisol composée de bétons d'aménagement décoratif... Autrement dit, tous ces produits un peu innovants qui viennent remplacer des produits plus traditionnels. Par exemple, le béton autoplaçant sans vibration apporte un confort de mise en oeuvre à nos clients et leur permet d'augmenter la productivité de leurs chantiers. Il y a aussi les bétons à base de fibres structurelles qui remplacent les armatures traditionnelles.

Vous développez aussi de nouveaux moyens de production de granulats...

Oui, nous étudions actuellement le développement du recyclage des bétons durcis, mais aussi la vente de produits plus spécifiques comme les sables filtrants, les graves drainantes... Nous voulons proposer à nos clients d'autres produits que les granulats classiques.

Prévoyez-vous tout de même de nouvelles unités de production en 2009 ?

Bien entendu, en période de crise, nous essayons de réduire nos coûts. Nous nous limiterons donc aux investissements strictement nécessaires. Nous poursuivons nos investissements démarrés en 2008 et plusieurs nouvelles unités de production verront le jour en 2009, notamment dans le Nord et dans les Bouches du Rhône.

Vous avez construit en 2008 une plateforme multimodale en Seine-et-Marne...

Oui, elle a été inaugurée au mois d'octobre 2008. Cette plateforme reçoit des matériaux à traiter par trains (granulats calcaires en provenance de Haute-Marne), par bandes transporteuses en provenance d'une carrière alluvionnaire très proche et par barges (granulats alluvionnaires en provenance d'une autre carrière alluvionnaire située dans la même vallée). Nous vendons un million de tonnes de matériaux par an, dont 70% de la production sont livrés par voie fluviale vers le réseau francilien des centrales à bétons embranchées fleuve.

Ce qui nous amène à parler du développement durable chez Cemex...

C'est une façon de préserver les gisements que de proposer un matériau mixte fini composé à partir de calcaire et d'alluvionnaire sur notre plateforme de Marolles sur Seine. Nous avons mis en place une logistique rail/fleuve en partenariat avec Réseau Ferré de France qui est une belle réussite. RFF nous prend comme référence pour développer d'autres réseaux. Il a fallu bien entendu penser l'ensemble de la plateforme en amont pour tirer profit de transports écologiques comme le fer et le fluvial et cela correspond à une démarche volontaire de développement durable.

Avez-vous atteint les objectifs de votre politique développement durable ?

Nous n'avons pas encore finalisé notre bilan 2008, mais nous savons déjà que parmi les objectifs fixés, certains ont été largement dépassés et que d'autres ne sont pas totalement atteints. Sur le plan qualitatif, nous sommes très satisfaits : nous avons en effet le sentiment que les salariés se sont bien appropriés cette politique, en comprennent les enjeux et en appliquent les principes. Nous sommes bien entendu aidés par l'actualité, nos salariés entendent beaucoup parler de développement durable et en comprennent mieux le sens. Parfois, ce sont même eux qui boostent notre démarche, je considère que nous sommes sur la bonne voie et que l'année 2008 a été plutôt satisfaisante à ce niveau. Dans notre politique intitulée "Fonder nos ambitions", pour laquelle nous nous sommes fait aidés par des experts, il y avait beaucoup de choses déjà existantes, nous ne partions pas de zéro. Il y aussi bien sûr des points à renforcer et à améliorer. Si nous faisions un bilan chiffré, nous verrions qu'il y a déjà beaucoup de choses réalisées, et d'autres qui se réaliseront dans un avenir assez proche. Nous avons prévu de faire un premier bilan public fin 2009.

Propos recueillis par Laurent Perrin

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