« La numérisation n'est pas qu'une question de moyens » (Xavier Sauvan, ABBYY)
Xavier Sauvan : Oui, beaucoup de personnes se sont montrées intéressées par nos solutions. On a compté au moins 60 personnes à la table ronde "Numérisation et dématérialisation : les grandes tendances européennes" organisée par l'Aproged*. On observe une tendance partout en Europe vers de moins en moins de papier, au profit d'une gestion électronique des factures, questionnaires, sondages, etc. Avec toutefois des différences d'un pays à l'autre, peu à peu ajustées par la directive européenne de 2001 pour plus de dématérialisation. En France, nous avons pris du retard, car beaucoup de décrets, annonces officielles (Journal Officiel) et décrets ministériels ralentissent la marche.
Quelle est la tendance aujourd'hui chez les particuliers et les professionnels ?
Dans le "B to C" (business to consumers), hors impôts, les gens préfèrent encore recevoir les documents sur papier, pour 70% d'entre eux. Dans le "B to B" (business to business), l'ensemble de la chaîne, du fournisseur au client final, est à numériser. Mais on essaie. En outre il y a toujours une demande forte d'avoir une version papier des documents échangés. Par exemple, chez EDF ou GDF, on préconise l'utilisation de factures électroniques mais les clients demandent en plus des factures papiers. Il faut aussi apprendre à rationaliser son bureau chez soi, du moins pour ceux qui ont internet.
Où en est-on dans le BTP ? Les entreprises sont-elles prêtes pour le tout-numérique ?
Les décrets en application exigent que l'on puisse tout faire par internet, par documents pdf. L'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et la Scandinavie notamment sont déjà engagés dans ce processus. Mais ce n'est pas toujours évident. Une PME de 500 employés aura les moyens de s'équiper alors qu'une PME de cinq personnes aura plus de difficultés. Mais ce n'est pas qu'une question de moyens. Il faut mettre en place un véritable processus métier : une procédure d'appels d'offre qui dématérialise toute la chaîne, en s'assurant que tout le monde puisse la suivre, pour ne pas rater les délais des appels d'offres. En Allemagne, beaucoup de consultants viennent conseiller les entreprises sur ces questions.
Dans ce contexte, quelles sont les différentes solutions que propose ABBYY ?
Nous commercialisons dans le courant du mois d'octobre la version 10 de FineReader. Ce logiciel permet la numérisation et l'OCR, la reconnaissance optique de caractères. Il récupère le contenu et la structure d'un document (entête, bas de page, hyperliens...) pour le convertir en un document numérisé au format word, donc modifiable. Dans cette nouvelle version nous avons amélioré l'OCR (en y ajoutant les langues asiatiques notamment), nous avons rendu l'exportation plus rapide (compression MRC) et intégré la technologie ADRT™ d'ABBYY (adaptative document recognition). Nous avons aussi ajouté la reconnaissance de caractères manuscrits, ADRT™ v.2 qui conserve la structure logique du document (multipages) et la gestion du multilangue (documents collaboratifs). Aujourd'hui FineReader comprend 186 langues et compte 39 dictionnaires intégrés. Côté image, il permet de lire les photos numériques, de corriger les images floues, la distorsion tridimensionnnelle et permet d'extraire du texte dans une photo. Une autre de nos solutions, FlexiCapture, permet la capture de données à partir d'un document numérisé. Que le document soit structuré ou non, qu'il soit fixe ou non, FlexiCapture récupère les données pertinentes, les extrait et les exporte vers une base de donnée. Du "stand-alone" (application sur un poste de travail), nous passons à une version distribuée de plus en plus orientée web-service. Ces applications existent aussi sous la forme de moteurs pour les clients afin qu'ils développent leurs applications et les personnalisent.
* Aproged : Association des professionnels pour l'économie numérique
Propos recueillis par Laurent Perrin