"Malgré une demande encore forte de logements, l'offre a baissé de façon spectaculaire en 2008", introduit Laurent Vronski, membre du groupe location du DLR et dirigeant de EMVE. "Les travaux publics ont aussi connu une forte chute. La location de matériel de BTP a tout de même bénéficié d'une croissance soutenue jusqu'à la mi-2008. D'où un nombre d'entreprises créées en hausse (+6%) et un nombre de nouvelles agences encore plus important". Pour 2008 on dénombre 2.600 agences de location de matériel (+8% comparé à 2007). Le décalage entre la baisse du CA des loueurs et du BTP est dû au fait que "la location est un métier ressort, un amortisseur de tendance". Métier récent, il est surtout constitué d'entreprises familiales (57% ont moins de 50 employés). Dans un contexte défavorable, ses effectifs ont augmenté (+4%) plus que l'ensemble de l'économie, faisant de 2008 "une année charnière pour la location".

Effet ciseau

Vice-président du DLR et président du groupe location, Hervé Cohade note un changement de tendance dès mai 2008, qui "n'est pas l'effet de la crise financière". Le 4ème trimestre a connu une forte baisse, de –10 à –20%, d'où un CA en 2008 comparable à 2007. "La crise a eu peu d'effets sur les capacités des loueurs à se financer. Mais les profits ont été significativement impactés. En effet, qui dit baisse des volumes de location et des loyers dit baisse des profits". Avec la hausse des frais, des amortissements et des charges, c'est ‘l'effet ciseau'. Mais "ce n'est pas la première récession que traverse la profession. Et les bilans à fin 2007 et fin 2008 montrent des entreprises en bonne santé, avec toutefois des niveaux d'endettement assez forts". Dans l'ensemble, les loueurs s'attendent à un exercice en retrait de 5 à 10% sur 2008.

Idée verte

2009 devrait connaître des pauses ou reports d'investissements. Les entreprises vont peut-être céder quelques machines, mais pas longtemps car le parc d'occasions est saturé. La profession continuera d'embaucher des jeunes, mais moins qu'en 2007. Elle ne devrait pas trop licencier car elle a consacré beaucoup de temps à former ses collaborateurs. On assistera plutôt à un gel des salaires, l'arrêt des intérims et CDD, et une réduction des heures supplémentaires. Touche d'espoir : dans un contexte de faible visibilité, les sociétés auront besoin de flexibilité. En termes de matériel, c'est l'avantage de la location. Et puis celle-ci représente une ‘idée verte' : "louer c'est mutualiser, d'où un coût carbone par chantier réduit par l'utilisation de machines dont l'usage et l'entretien sont mutualisés", conclut Hervé Cohade.

Laurent Perrin