ConnexionS'abonner
Fermer

Végétaliser Paris : une question de volonté politique ?

Publié le 24 avril 2025

Partager : 

Comment accélérer la végétalisation de Paris, ville parmi les plus denses au monde ? Pour Hugo Meunier, fondateur de « Merci Raymond », il s’agit avant tout d’une question de volonté politique. Entretien.
Végétaliser Paris : une question de volonté politique ? - Batiweb

Des Parisiens amassés sur les berges de la Seine dès les premiers rayons de soleil, c’est une image courante à chaque retour des beaux jours.

Pour Hugo Meunier, fondateur de l’entreprise de paysage « Merci Raymond », cela prouve le besoin criant de nature au sein de la capitale, parmi les villes les plus denses au monde et où les habitants sont particulièrement stressés.

Rappelons que selon une récente étude de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), la France serait le deuxième pays européen le plus consommateur d’anxiolytiques, avec 9 millions de personnes en ayant pris en 2024.

D’après Hugo Meunier, l’un des remèdes pourrait se trouver dans la création de jardins mis à disposition des citadins. «La nature en ville nous fait accepter la densité», estime-t-il.

 

Environ 5 000 projets de végétalisation en 10 ans

 

En 2015, il dresse un constat sans appel : disposer d’un jardin à Paris est un privilège réservé à une petite élite. Son rêve ? « Voir fleurir davantage de jardins » dans la capitale et que le plus grand nombre puisse en profiter. Il crée alors l’entreprise « Merci Raymond ».

Dix ans plus tard, l’entreprise intervient à la fois dans la conception, la création et l’entretien d’espaces verts, compte une cinquantaine de salariés, et est à l’origine d’« environ 5 000 projets ».

À ses débuts, l’entreprise a notamment participé à l’appel à projets « Réinventer Paris 2 ». « Il se trouve qu'on a gagné un des sites les plus prestigieux, qui était le site de la Marseillaise. C’est à partir de là qu’on a commencé à rencontrer des architectes, des foncières, des bailleurs et des promoteurs, et qu’on a mené différents projets », se souvient le fondateur de Merci Raymond.

Parmi les autres projets notables de l’entreprise : la végétalisation de la Station F, d’une partie du parc de la Villette, du toit de Métal 57 (siège de BNP Paris Real Estate), ou encore la conception des jardinières pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024.

Projet à La Villette. Maître d’ouvrage : La Villette - Parties prenantes : Bond Society (architectes) / Cetrac / Urban water / Limenitis

 

Mais l’entreprise ne se cantonne pas à Paris, et a déjà réalisé des projets dans une trentaine d’autres villes françaises, telles que Bordeaux, Lyon, Toulouse, ou encore à Marseille avec Euroméditerranée, et même en Suisse, prenant ainsi une portée européenne.

 

De nouvelles relations entre promoteurs et paysagistes

 

Pour le fondateur de « Merci Raymond », les métiers de paysagiste et de promoteur ont bien évolué en dix ans. Désormais, les programmes immobiliers prennent en compte les jardins et espaces vert en amont. Ces projets intègrent parfois un paysagiste avant même que le permis de construire ne soit déposé, ce qui « change la donne », selon Hugo Meunier.

« Avec le Zéro Artificialisation Nette des Sols (ZAN), il y a aussi une tendance à se dire qu'on arrête d'étaler la ville et on essaie de construire sur la ville, donc on essaie de densifier plutôt qu’étaler », souligne-t-il.

Mais comment trouver un compromis entre construction de nouveaux logements et végétalisation ? « Je pense qu’on pourra répondre à ce dilemme par la densification et la surélévation », nous répond Hugo Meunier.

 

Végétalisation de Paris : de nombreux projets engagés

 

À l’échelle de Paris, la mairie a engagé depuis dix ans un vaste de plan de végétalisation de la capitale. Récemment, la capitale s’est dotée d’un nouveau plan local d’urbanisme (PLU) bioclimatique et a lancé de nouveaux projets comme la végétalisation du parvis de l’Hôtel de Ville, de la place de la Concorde, ou encore une consultation pour végétaliser 500 nouvelles rues.

« Pour avoir eu des informations de la part du jury ayant sélectionné le projet lauréat, ils ont décidé de prendre celui qui était le plus ambitieux sur la partie végétalisation. C’est intéressant de se dire qu'on aurait pu penser qu'avec les bâtiments de France ou avec la conception architecturale du site, on soit sur quelque chose d'assez léger. En fait, non, ils ont choisi le projet qui était le plus radical dans l'approche, celui de l’architecte Philippe Prost», souligne-t-il concernant le projet de végétalisation de la place de la Concorde.

Pour Hugo Meunier, plusieurs conditions doivent être réunies pour verdir la capitale, à commencer par l’intention politique, un budget important pour l’aménagement et une acceptation des riverains, alors que la place de la voiture tend à se réduire, avec notamment 200 « rues aux écoles » piétonnisées.

Interrogé sur les revendications des réfractaires à cette végétalisation, Hugo Meunier estime que l’urgence climatique doit devenir une priorité.

« Oui, ça bouleverse le quotidien, mais il y a eu trop de retard qui a été pris. Dans les années 1970, il y a plein d'habitants qui étaient contre le vélo à Amsterdam. À l'époque où ils ont fait des pistes cyclables, il y avait des habitants en voiture qui étaient complètement réfractaires à cette approche. Alors qu’aujourd’hui elle est considérée comme la ville du vélo. Je pense qu'on vit pareil avec Paris, mais un peu plus tard », prend-il pour exemple.

Rappelons que la végétalisation de la ville n’est pas seulement bénéfique pour le moral des habitants, mais aussi pour la biodiversité et pour le confort thermique des citadins, notamment lors des épisodes de canicules – de plus en plus fréquents avec le réchauffement climatique.

À Paris, les îlots de fraîcheur urbains seront indispensables pour supporter des températures fréquemment supérieures à 30°C en plein été.

« On peut considérer que dès lors qu'on a un jardin, on a une forme d'îlot de fraîcheur. Après, un des enjeux de l'îlot de fraîcheur, c'est aussi d'intégrer de l'eau », conclut Hugo Meunier.

 

Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock

Sur le même sujet

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.