Afin de remplacer le centre d'hébergement d'urgence du Samu social, actuellement situé dans la ZAC Porte de Montrouge, la régie immobilière de la ville de Paris (RIVP) a jeté son dévolu sur une ancienne caserne de la gendarmerie, le centre « Romain Rolland », construite à Montrouge au début du XXe siècle. Elle comprenait alors des appartements sur trois niveaux, une cour intérieure et des écuries.

« L'objectif était de répondre à la demande du Samu social, en leur fournissant un bâtiment mixte dans son usage tout en préservant l'aspect historique du bâtiment. Ce lieu devait permettre d'accueillir 24h sur 24 des personnes en situation d'urgence, de les héberger pour un séjour plus ou moins court et d'aider à leur réinsertion », explique Florent Vuidel, président de Lerichemont, une filiale de RIVP.

93 lits pour les sans-abris

Le chantier fait tout d'abord l'objet d'une pré-étude de l'architecte qui met en évidence plusieurs contraintes notamment au niveau du sol. Le bon sol étant situé à environ 22 mètres au dessous du sol naturel, des fondations profondes sont nécessaires. Au niveau de la structure, « le bâtiment principal a été démoli pour construire du neuf. Seules la façade côté rue et une aile du bâtiment à l'arrière ont été conservées pour des raisons patrimoniale. Côté cours, la façade est plus contemporaine et les futurs habitants disposeront d'un très grand espace extérieur de respiration avec un jardin et un potager », détaille Florent Vuidel.

A l'intérieur, l’enveloppe comporte environ 
3 078 m² SHON et 2 609 m² utile, soit 93 lits au total répartis en 57 lits dans des chambres simples dont 25 regroupées en unités de vies (sorte « d’appartement de colocation ») et 36 lits dans des chambres doubles.

« On ne peut plus se contenter d'hébergement à la nuitée, il faut qu'on sorte d'un système qui remet chaque matin les personnes à la rue », a expliqué à l'AFP Eric Pliez, le président du Samu social, lors de l'inauguration du bâtiment en présence de plusieurs élus et de l'actrice Virginie Ledoyen, marraine du centre.

Un parcours de l'autonomie

« Le centre permettra à ceux qui le souhaitent de commencer un parcours d'acquisition de l'autonomie », a insisté M. Pliez. Mais, « il ne s'agit pas d'imposer de rester à tout prix », car nombre de sans-abri, parfois très désocialisés, ont des difficultés à sortir de la rue. « Certains vont faire des allers-retours entre les deux dispositifs », explique-t-il.

Le centre a donc été organisé selon une gradation de l'autonomie de ses futurs occupants. Les deux premiers étages sont consacrés aux personnes relevant de la grande exclusion, le 3ème et 4ème étage seront consacrés aux personnes ayant plus d'autonomie et les deux derniers étages pour l'hébergement de continuité.

En termes de performances énergétique, le projet répond à la RT 2005 et respecte les exigences de la charte HQE de la région Ile-de-France, applicable aux établissements sociaux et médico-sociaux.

Grâce à ce nouvel établissement, le samu social de Paris espère loger plus de familles et réduire ainsi le recours aux hôtels. Eric Pliez propose même que les bailleurs sociaux rachètent certains de ces hôtels, pour en faire des lieux d'hébergement durable.

Autres solutions : « mobiliser les milliers de m2 de bureaux vides » et développer le programme Solibail, via lequel des associations signent des baux avec des propriétaires, pour loger des familles sans domicile.

Claire Thibault

© Babin & Renaud architectes