Réduction des aides pour le photovoltaïque : l’inquiétude plane sur le secteur
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Le gouvernement n’écarte aucune piste pour le redressement des finances publiques, pas même une réduction des aides allouées aux petites installations photovoltaïques. Cette mesure, qui prévoit une diminution de la prime à l’autoconsommation ainsi qu’une baisse importante du tarif d’achat de la vente du surplus, risque de mettre à mal l’économie de la filière, comme le redoutent la Capeb et Coedis.
Pour tenter de convaincre le gouvernement de faire machine arrière, la Capeb a décidé de s’associer à plusieurs acteurs de la filière solaire pour adresser un courrier commun au Premier ministre, afin de l’alerter sur les conséquences très dommageables du projet d’arrêté annoncé. Courrier que Coedis soutient.
Une mesures aux conséquences néfastes
Dans un communiqué commun, la Capeb et Coedis rappellent la nécessité du développement du marché du photovoltaïque, essentiel à la transition écologique et à la réduction des émissions de CO2.
En 2024, près de 226 000 installations résidentielles ont été effectuées par plus de 5 000 entreprises qualifiées qui emploient entre 20 000 et 30 000 personnes. Parmi ces professionnels figurent un grand nombre d’artisans du bâtiment, fournis par la distribution professionnelle au second œuvre du bâtiment.
Les deux fédérations s’inquiètent d’un tel changement de règles, qui mettrait d’une part les professionnels devant le fait accompli, et dissuaderait d’autre part les maîtres d’ouvrage d’investir dans le photovoltaïque. Des conséquences d’autant plus néfastes, puisque les dispositions annoncées seraient rétroactives au 1er février, plaçant directement les entreprises en difficulté vis-à-vis des projets en cours et impactant immédiatement leurs carnets de commandes.
L’inquiétude plane du côté de la Capeb et de Coedis
« En décidant de se désengager du développement des énergies renouvelables tel le photovoltaïque, le gouvernement brouille le message. Veut-on encourager la sobriété et l’autoconsommation ou bien favoriser les consommations électriques ? Il me semble que l’autoconsommation est essentielle pour nous. C’est une voie de sobriété et de décarbonation. Il faut continuer à aider les particuliers désireux d’investir dans le photovoltaïque et à autoconsommer. La décision du gouvernement est incompréhensible », regrette Jean-Christophe Repon, président de la Capeb.
Une telle mesure s’apparenterait en effet à un nouveau signal très négatif pour le secteur du bâtiment, déjà fragilisé par une conjoncture défavorable et d’autres mesures impactantes, telle la hausse de la TVA sur les chaudières gaz et fioul THPE.
« La distribution professionnelle au second œuvre du bâtiment traverse, à l’instar de l’ensemble des acteurs de la filière bâtiment, une période de grande difficulté, marquée par une contraction sans précédent de l’activité. Elle est prête à prendre sa part à l’effort collectif de sobriété et de décarbonation des activités humaines, auquel le photovoltaïque contribue. Encore faut-il que les pouvoirs publics arrêtent de faire bouger les lignes en permanence, au risque de décourager les acteurs de terrain et d’aggraver la spirale récessive dans laquelle la filière est malheureusement engagée », déplore de son côté José Pretot, président de Coedis.
Jérémy Leduc
Photo de Une : Adobe Stock