En pleine crise pétrolière, qu'en est-il du "new deal écologique" ?
Ce retard s'explique aussi par les problèmes d'organisation du grand ministère du développement durable. La création de ce grand ministère, ainsi que la nomination d'un ministre de l'écologie aux compétences élargies et numéro 2 du gouvernement, étaient des promesses de campagne de Nicolas Sarkozy. Si Jean-Louis Borloo est bien ministre d'Etat, le grand ministère du développement durable n'est toujours pas opérationnel, un an après sa création officielle.
Ce chantier administratif complexe a pris du retard car l'articulation des services "énergie", "transports", "habitats", risques" s'avère être un véritable casse-tête. Aujourd'hui, le Meeddat (Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement Durable et de l'Aménagement du Territoire) n''existe pas car la fusion des services s'avère délicate. Les différentes administrations qui le composent appartenaient à des ministères différents et n'ont pas le même poids.
Par exemple, les départements "Transports" ou "Energie" sont beaucoup plus importants que le pôle "écologie". Une fusion à l'aveugle aurait entraîné la prédominance des "Transports" sur un département "écologie" qui aurait été aspiré.
La tâche est donc difficile pour donner une cohérence à l'ensemble et veiller à ce que le poids de chaque service corresponde bien aux orientations politiques du gouvernement. Pour l'heure, la maquette d'organisation de l'administration centrale du Meeddat n'a toujours pas été validée, la répartition des rôles entre les différents services est floue. Les administrations sont toujours dispersées aux quatre coins de Paris et leur transfert dans un bâtiment unique de la Défense ne s'est pas encore fait.
Le Grenelle de l'environnement connaît autant de difficultés car le gouvernement doit gérer des impératifs contradictoires. Tout d'abord, il s'est engagé auprès de Bruxelles à réduire les déficits publics (plus de 1200 milliards d'euros de dette à ce jour). Or, les mesures du Grenelle coûtent chères. Voilà pourquoi le gouvernement a retardé l'application des premières mesures. La réduction des dépenses de l'Etat explique aussi les retards dans la création du Meeddat.
La première version de l'organisation administrative de ce grand ministère a été rejetée car elle comportait trop de services et d'effectifs. Dans un contexte de restriction budgétaire, le Meeddat doit donc faire des économies. Enfin, la crise pétrolière a révélé à la fois la nécessité d'investir dans les énergies renouvelables et l'ambivalence des Français à l'égard de l'avenir de la planète : la protection de l'environnement est une préoccupation majeure mais les automobilistes réclament dans le même temps que l'Etat les aide pour limiter la hausse du pétrole, énergie polluante par excellence.
Contenir la hausse du prix de l'essence dans un contexte de crise du pouvoir d'achat, et limiter l'usage de l'automobile au profit de transports en commun plus propres, telles sont les contradictions que le gouvernement doit gérer.