Doubler la production d'EnR, une solution plus rentable pour lutter contre la pollution de l'air
D'ici à 2030, « doubler la part des énergies renouvelables est non seulement possible, mais c'est moins cher que ne pas le faire », selon Adnan Z. Amin, directeur général de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena).
Dans la deuxième édition de sa feuille de route, dévoilée ce jeudi à Berlin, l'Irena indique que cela permettrait d'économiser 4 200 milliards de dollards.
Selon l'analyse de l'Irena, élargie à 40 pays, représentant 80 % de la consommation mondiale d'énergie, de « grands progrès ont été faits » pour augmenter les énergies renouvelables dans le secteur de l'énergie. Un secteur qui est sur la bonne voie pour générer environ 30 % de l'électricité mondiale d'ici 2030 (contre 23 % actuellement).
«La transition énergétique est bien en cours dans le secteur de l'énergie. Mais pour atteindre les objectifs mondiaux, la prochaine étape est de mettre davantage l'accent sur le transport, le chauffage et le refroidissement », précise le directeur de l'innovation et de la technologie de l'Irena, Dolf Gielen, dans un communiqué.
Le rapport montre aussi un fort potentiel dans d'autres secteurs : transport, bâtiment et industrie « actuellement à la traîne », selon le rapport.
770 milliards de dollards par an
Dans le cadre des plans nationaux existants, la part des énergies renouvelables mondiales atteindrait seulement 21 % d'ici 2030. Or, pour parvenir à une part de 36%, il faudrait investir 770 milliards de dollars par an.
Cela « augmenterait le coût du système énergétique mondial de 290 millions de dollars par an d'ici à 2030, mais les économies réalisées par ce doublement - grâce aux dépenses évitées sur la pollution de l'air et du changement climatique - sont 15 fois supérieures à ce coût », explique l'Irena dans un communiqué.
Doubler la part des énergies renouvelables aurait d'autres avantages comme « limiter la hausse de la température moyenne mondiale à 2 ° C », soit l'objectif fixé lors de la COP21 à Paris. Cela éviterait aussi jusqu'à 12 gigatonnes d'émissions de CO2 liées à l'énergie en 2030 - soit « cinq fois plus » que les engagements pris par les pays - et réduirait la pollution de l'air, permettant de « sauver jusqu'à 4 millions de vies par an en 2030 ».
24,4 millions d'emplois seraient également créés dans le secteur des énergies renouvelables d'ici 2030, avec à la clé une augmentation du PIB mondial pouvant aller jusqu'à 1 300 milliards de dollards.
Pour atteindre cet objectif, le rapport identifie cinq axes prioritaires : la correction des distorsions du marché pour créer un terrain favorable au développement des EnR et l'introduction d'une plus grande flexibilité dans les systèmes énergétiques pour tenir compte du caractère intermittent de certaines EnR.
D'autre part, l'Agence préconise le déploiement de nouvelles solutions pour le chauffage et le refroidissement dans les projets de développement urbain et l'industrie, la promotion du transport électrique et des biocarburants pour réduire la pollution de l'air et la garantie d'un approvisionnement durable, abordable et fiable de matières premières bioénergétiques.
« Pour les décideurs, tant dans le secteur public que privé, cette feuille de route envoie une alerte - à la fois sur les opportunités à saisir et sur les coûts si rien n'est fait », conclut Adnan Z. Amin.
C.T
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