Congrès CAPEB : les artisans, moteurs oubliés des politiques publiques

Il régnait un fort sentiment de détermination lors du Congrès annuel de la CAPEB, qui s’est tenu le 11 avril dernier à la Maison de la Mutualité, à Paris. À cette occasion s’étaient réunis des intervenants de renom autour du thème « L’entreprise artisanale du bâtiment : le modèle de demain ». Tout l’enjeu était de souligner et rappeler le rôle primordial des artisans pour mener à bien les combats d’aujourd’hui et de demain.
Malheureusement, le gouvernement ne semble pas en avoir pleinement conscience, ce que déplore la CAPEB. « Le marché s’organise pour favoriser les grands groupes et la grande distribution, au détriment des artisans », a regretté Jean-Christophe Repon en ouverture du Congrès.
Les artisans, une locomotive pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain
C’est pourquoi la CAPEB est déterminée à obtenir, pour les artisans, la reconnaissance qui leur est due et tient à faire valoir leur importance pour la vitalité de l’économie française et l’avenir de la société.
Pour la confédération, les artisans sont indispensables pour relever les défis de la rénovation énergétique, de l’adaptation du logement, du maintien à domicile ou encore de la décarbonation. Leur rôle dans ces combats est largement reconnu par les élus des territoires qui plébiscitent leur caractère vital, leur agilité ou encore leur multiplicité. Malheureusement, ces derniers « passent sous les radars des politiques publiques », regrette la CAPEB.
Pourtant, face aux défis climatiques et démographiques, ce sont 500 000 emplois qui seront nécessaires d’ici 2030 pour répondre à la demande. Et selon la CAPEB, ce sont les entreprises artisanales qui sont les mieux placées pour les pourvoir.
Le gouvernement met du plomb dans l’aile des artisans
Malheureusement, les récentes décisions du gouvernement laissent à penser que ce dernier n’est pas du même avis que la confédération. La création de labels profitables à des sociétés commerciales et le maintien de mécanismes favorisant la sous-traitance massive n’en sont qu’un exemple.
« On nous parle de lutte contre la fraude, mais les artisans sont les premiers lésés par un système qui permet à des structures commerciales de détourner les dispositifs à leur profit, sans réelle plus-value sur la qualité des travaux », a souligné Jean-Christophe Repon.
L’une des mesures les plus critiquées reste le refus d’élargir l’accès au label RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) par la validation des acquis de l’expérience (VAE), une initiative qui avait pour but de faciliter l’accès des artisans à cette qualification essentielle, mais qui demeure depuis plus d’une année dans l’attente d’une décision gouvernementale. Une ineptie selon la CAPEB, mise en exergue lors des tables rondes de la confédération. « Le label RGE ne concerne que 10 % des entreprises. Aujourd’hui, nous nous coupons d’entreprises compétentes qui ont renoncé au RGE jugé trop complexe », a rappelé un des intervenants lors du Congrès.
Par ailleurs, Jean-Christophe Repon a rappelé que la CAPEB souhaite ardemment contribuer à la réussite de la transition énergétique et de la décarbonation. Cependant, les politiques actuelles semblent ignorer l’importance cruciale de l’artisanat dans ces domaines. La réduction des ambitions sur l’objectif du ZAN a été perçue comme un recul stratégique. « La majorité des chantiers et des logements existants doivent être rénovés, et non pas sacrifiés au bétonnage. L’avenir du logement passe par la rénovation », a insisté le président de la CAPEB.
Par Jérémy Leduc
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