Béton bas carbone : toutes les solutions actuelles

Qu’est-ce que le béton bas carbone ?
Avant d’attaquer la question du béton bas carbone, petit rappel concernant le béton traditionnel. Il est composé majoritairement de granulats (80 %) dont du sable, un liant (majoritairement le ciment) et d’eau. Le béton bas carbone se distingue du béton traditionnel par sa composition et son processus de fabrication, qui visent à réduire les émissions de dioxyde de carbone.
Cela est principalement rendu possible par la substitution partielle ou totale du clinker, un mélange de calcaire et d’argile porté à très haute température. Ce composant principal du ciment est responsable de la majeure partie des émissions de CO2 lors de la production du béton.
Les différents types de bétons bas carbone
Béton moins carboné, béton bas carbone… les définitions ne sont pas totalement encore totalement arrêtées et différents types de bétons peuvent entrer dans cette classification. Nous pouvons par exemple citer :
- Le béton avec ciments alternatifs. Ces ciments contiennent des ajouts comme l’argile calcinée, les laitiers de haut fourneau, les cendres volantes ou les pouzzolanes (roches naturelles) permettant de remplacer tout ou partie de la proportion de clinker.
- Le béton géopolymère. Ce type de béton utilise des liants alternatifs aux ciments traditionnels, réduisant ainsi les émissions de CO2. Les ciments géopolymères sont composés de sous-produits industriels, dont la cohésion chimique ne repose pas sur le clinker. Le fait que ce ciment durcisse plus rapidement est la deuxième raison qui explique que sa fabrication réduise à minimum de 40 % les émissions de CO2.
- Le béton végétal. On y incorpore des fibres végétales comme le chanvre ou la paille le rendant léger et naturellement isolant. Pour le béton de chanvre, il s’obtient en mélangeant des particules de chanvre, appelées la chèvenotte, avec un liant, de l’eau et des adjuvants. Selon une étude menée par les CEREMA, les murs en béton de chanvre peuvent permettent également de réduire jusqu’à 70 % des besoins en chauffage d’un bâtiment.
- Le béton recyclé. L’utilisation d’agrégats recyclés provenant de déchets de démolition limite l'extraction de nouvelles ressources. L'entreprise de démolition et de terrassement Poullard propose depuis 2017 le premier béton 100 % recyclé sous la marque Granudem.
Les avantages du béton bas carbone
L’adoption du béton bas carbone présente de nombreux avantages, non seulement pour l'environnement, mais aussi pour les professionnels de la construction et les particuliers.
La réduction de l'empreinte carbone
Le principal atout du béton bas carbone réside dans sa capacité à diminuer les émissions de CO2. En optant pour des matériaux et des procédés moins polluants, les entreprises contribuent activement à la lutte contre le changement climatique. Suivant les bétons bas carbone et les dosages utilisés, il est possible d’atteindre des réductions de l’empreinte carbone de près de 70 %.
Pour les entreprises, l’utilisation de béton bas carbone constitue un argument de poids en termes de communication. Cela reflète un engagement envers des pratiques durables, ce qui peut être un avantage concurrentiel.
La valorisation des déchets
Certains types de bétons bas carbone, comme le béton recyclé, permettent de réutiliser des déchets issus de démolitions ou d’autres industries, réduisant ainsi les besoins en matières premières.
La recherche en ce sens est en constante évolution. On peut citer par exemple cette initiative française. Des chercheurs travaillent actuellement au développement d’un béton à base des sédiments présents dans la vase de la Garonne.
Des performances équivalentes au béton classique
Contrairement aux idées reçues, le béton bas carbone offre des performances mécaniques comparables à celles du béton traditionnel, tout en présentant parfois des caractéristiques supplémentaires, comme une meilleure isolation thermique.
Les défis de demain pour le béton bas carbone
Malgré ses nombreux avantages, le béton bas carbone fait face à certains obstacles qu'il est important de prendre en compte. Son coût est parfois supérieur, les matériaux innovants et les procédés associés peuvent être plus coûteux que le béton classique. Son prix est généralement compris entre 170 et 200 euros par m3. C’est près de 60 % plus cher que le béton traditionnel. Cet écart devrait se rétrécir à mesure du développement de cette technologie.
La disponibilité des matières premières peut être moins importante, notamment selon les zones géographiques. Certaines alternatives, comme les cendres volantes, sont disponibles en quantités limitées.
Les normes et les réglementations sont en pleine évolution. Tous les types de bétons bas carbone ne sont pas encore standardisés, ce qui peut freiner leur adoption par les différents législateurs.
Cela n’empêche pas pour autant le développement de projets bas carbone, comme la future cité scolaire de Sartrouville.
Le béton bas carbone représente une réponse concrète aux enjeux environnementaux du secteur de la construction. En réduisant significativement les émissions de CO2 tout en offrant des performances équivalentes à celles du béton traditionnel, il s’impose comme une solution incontournable pour des projets durables. Si son adoption généralisée nécessite encore des efforts en termes de recherche, de coûts et de réglementation, les avancées réalisées ces dernières années laissent présager un avenir prometteur pour ce matériau.
Par Alexandre Masson
Photo de une : Adobe Stock