Nous aussi, on va avoir notre 'In-Q-Tel' Made in France !
Pour contrer les prises de contrôle de sociétés françaises "sensibles" par des intérêts américains, Alain Juillet, le fameux "Monsieur intelligence économique" à Matignon, propose de créer un fonds d'investissement stratégique : Un "In-Q-Tel" à la française.
Mais qu'est ce donc "In-Q-Tel" ?
Créé par la CIA en février 1999, In-Q-Tel est un fonds d'investissement consacré aux nouvelles technologies, qui tire son nom du célèbre "Q", le fournisseur ès gadget du célébrissime espion James Bond. Son but est d'investir dans les start-up les plus prometteuses, en priorité, celles qui inventent des systèmes de surveillances électronique, comme les moteurs de recherche, les logiciels d'analyse de données, ou ceux de traduction automatique.
Depuis le 11 septembre, son rôle est directement axé sur la lutte contre le terrorisme. Un rapport du Congrès américain évaluait il y a un an, à 30 millions de dollars les sommes investies chaque année par In-Q-Tel.
La contre-attaque Franco-Française
Avoir nous aussi, une société similaire à In-Q-Tel est l'un des moyens préconisés par Alain Juillet pour combler notre retard. L'objectif est de disposer d'un bailleur de fonds, qui puisse épauler des start-up françaises travaillant dans des secteurs hautement stratégiques tels que la cryptologie, les biotechnologies ou l'aéronautique.
Cette période tendue en matière de technologies sensibles a déjà été à l'origine de la création d'un pôle franco-français en matière de certification électronique, baptisé Keynectis SA. De quoi rassembler les compétences de La Poste, Dassault, France Télécom, Bull, Sagem, mais aussi Gemplus*. Pour mieux se démarquer de la mainmise de l'Américain Verisign.
Autre chantier en cours, celui d'un droit du secret des affaires. S'inspirant du Cohen Act voté aux Etats-Unis en 1996, cette nouvelle loi prévoit une peine d'emprisonnement et une forte amende pour les personnes qui diffusent à l'extérieur "une information à caractère économique protégée".
Dans le même domaine juridique, Bernard Carayon se fait également l'avocat d'une loi qui verrouille le capital des entreprises des secteurs sensibles.
Enfin, le gouvernement entend mettre en place, l'année prochaine, ce qu'il appelle "l'intelligence territoriale". Piloté par le ministère de l'intérieur, le projet consiste à généraliser les expérimentations faites cette année dans neuf régions françaises et qui visent, dans chacune d'entre elles, à coordonner les actions de l'Etat, des collectivités locales et des acteurs privés. Il s'agit de "mettre en place, au niveau régional, un système permettant aux PME de pouvoir, elles aussi, accéder à l'information stratégique".
Dans chaque région, un comité de pilotage, présidé par le préfet et incluant les collectivités locales, les différentes administrations et des représentants du monde de l'entreprise, devra décliner la stratégie définie au niveau national. Comme l'explique Alain Juillet, à nos confrères de L'Expansion, "elle s'appuiera sur un système de veille et d'alerte, l'appui à des pôles de compétitivité composés de groupes de PME spécialisées, la formation et l'utilisation de portails permettant l'accès à des banques de données".
* Cette entreprise basée près de Marseille, leader mondial des cartes à puces, est passée en 2000 sous le contrôle de TPG, un fonds d'investissement américain, qui a peu à peu imposé ses hommes et sa stratégie.