Construire autrement plutôt que climatiser
"La planète a besoin qu'on s'occupe d'elle : il s'agit de l'avenir de nos petits-enfants", dit-il. "On vit 80% de notre temps dans des bâtiments et là il faut maîtriser les risques santé".
Réduire la consommation énergétique est l'exigence première du secteur du bâtiment, plus gros mangeur d'énergie (43%) de la France, qui s'est fixé pour objectif de diminuer sa consommation énergétique par quatre d'ici 2050.
"Cela représente un gros effort mais c'est possible, car les techniques existent", affirme-t-il, ne cachant pas qu'il y a aussi des changements culturels à obtenir des consommateurs.
Après la climatisation des bureaux, des centres commerciaux, des voitures, "il y a désormais une demande de climatisation du logement parce que c'est la solution la plus facile. On met une machine et on appuie sur un bouton".
"C'est plus facile que de réfléchir à la conception du bâtiment, l'orienter comme il faut, mettre des protections solaires, trouver des systèmes de ventilation permettant de profiter du rafraîchissement de nuit.. etc", argumente-t-il.
Son inquiétude : "Si on répond aujourd'hui à cette demande de confort de plus en plus importante, on va dans le mur. Et on va multiplier les centrales nucléaires qui crachent dans la Loire de la température élevée".
Alain Bornarel préconise "des choses toutes bêtes : faire une ventilation la nuit, traversante, ça amène du confort, un courant d'air en été c'est confortable". Mais "cela remet en cause des notions qui sont culturellement bien ancrées : il y a en France cette phobie du courant d'air".
Ce qu'il préconise, c'est "avant tout une démarche bio-climatique ancrée dans le développement durable puisqu'un bâtiment a une durée de vie de plusieurs dizaines d'années". "La bio-climatique, c'est utiliser les atouts du site, du climat pour faire fonctionner le bâtiment au maximum. Le système énergétique vient en complément après avoir utilisé le bâtiment", explique-t-il.
L'ingénieur, qui a réalisé pour l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) un manuel "Qualité environnementale des Bâtiments" (294 pages, 40 euros), se félicite de l'effet de mode constaté sur cette approche de qualité environnementale.
Après un démarrage très lent, l'approche HQE "représente dix pour cent des concours d'architecture qui sont lancés aujourd'hui. Tous les gros groupes privés s'y intéressent avec pour inconvénient que certains ne sont interessés que par l'affichage qu'ils peuvent en faire".
Autre crainte : la procédure de certification en cours du label HQE risque de figer la démarche environnementale alors qu'elle a encore beaucoup de choses à inventer, et risque d'empêcher l'innovation et la recherche.