USA: le retournement du marché immobilier fait une nouvelle victime
New Century a vu se multiplier récemment les défauts de paiements sur les crédits consentis aux personnes financièrement fragiles, et dont les autorités financières veulent durcir les conditions d'octroi. Ces prêts immobiliers à haut risque ont permis à un public de plus en plus large aux Etats-Unis, généralement des emprunteurs à faible revenu, d'accéder à la propriété. En étant de moins en moins regardante sur le profil de l'emprunteur et en multipliant les prêts hypothécaires risqués ("subprime mortgages") --prêts à taux variable, à remboursement différé du capital-- les banques ont pu prêter jusqu'à 110% du montant de l'acquisition. Plusieurs sociétés du secteur, notamment les groupes Option One, numéro trois, Fremont, numéro quatre, et Novastar Financial, ont annoncé ces derniers jours qu'elles cesseraient d'accorder ce type de crédit aux conditions très spéciales. Lundi, le numéro un du secteur, Countrywide Financials, a également indiqué qu'il allait désormais durcir ses conditions d'attribution d'emprunts et qu'il s'attendait à des "bénéfices fluctuants à court terme", en raison de la crise traversée par le secteur. A la Bourse de New York vers 18H50 GMT, Countrywide Financials perdait 2,30% à 35,27 dollars, Novastar Financial lâchait 13,17% à 4,56 dollars et Fremont cédait 17,31% à 6,68 dollars.
Les difficultés du secteur ont été l'un des facteurs ayant contribué à la dégringolade de Wall Street il y a deux semaines, les opérateurs s'inquiétant d'un risque de contagion à d'autres industries américaines. "Les salaires et le marché du travail restent pour le moment suffisamment robustes pour que la majorité des emprunteurs ne se retrouvent pas en défaut de paiement aux Etats-Unis", estime toutefois Marc Pado. Aux dires des analystes, la "crise" devrait donc rester circonscrite à un petit nombre de groupes. "Pour le moment, il faut rester prudent mais ne pas dramatiser", relevait Nathalie Deleuze, analyste chez Ixis. "Si les prix de l'immobilier continuent de ralentir aux Etats-Unis, alors d'autres catégories d'emprunteurs pourraient voir leur défaut de paiement s'accroître, mais on n'en est pas encore là", ajoute-t-elle. Les chercheurs du Center for American Progress se montraient néanmoins beaucoup plus alarmistes.
"Wall Street craint une crise imminente", relevait Almas Sayeed dans un rapport lundi. "Jusqu'à 2,2 millions de ménages pourraient perdre leur logement dans les années qui viennent", notait-il, ajoutant que "plus de 1,2 million de biens hypothéqués ont été saisis en 2006, 42% de plus qu'en 2005", aux Etats-Unis.