Une sexagénaire fait dérailler une privatisation record à Hong Kong
locataire sexagénaire a fait dérailler ce qui devait être la plus grande
privatisation immobilière du monde, un projet de 3 milliards de dollars dont
l'introduction en bourse était prévue lundi à Hong Kong.
Le secrétaire au logement, Michael Suen, a annoncé dimanche soir que le gouvernement suspendait l'introduction en bourse de la fiducie immobilière jusqu'à ce que tous les obstacles soient levés devant les tribunaux. "Nous allons devoir attendre que toutes les entraves juridiques soient écartées avant de pouvoir aborder l'étape suivante", a-t-il dit dans la nuit de dimanche à lundi.
Il a ajouté ne pas savoir quand l'opération pourra avoir lieu, "mais nous voulons la relancer aussitôt que possible", a-t-il ajouté.
Les investisseurs seront remboursés en attendant. La justice de Hong Kong avait donné vendredi son feu vert à un ultime appel contestant la privatisation immobilière. Elle avait refusé de raccourcir le délai normal de 28 jours pour un ultime appel, repoussant une demande du gouvernement qui souhaitait mettre sur le marché les actions des biens privatisés dès lundi.
A l'origine, les actions de la fiducie immobilière auraient dû être introduites mardi dernier en bourse mais une contestation en justice inattendue a perturbé l'ensemble du scénario auquel avait été associées de grandes banques internationales.
Mme Lo Siu-lang, 67 ans, une locataire soutenue par les adversaires du projet, dont des députés pro-démocratie, a saisi les tribunaux, estimant que le projet bradait les intérêts publics et qu'une gestion privée pousserait les loyers à la hausse.
Le Real estate investment trust (REIT) prévoyait de mettre sur le marché 180 centres commerciaux et 79.000 places de parking jusqu'alors détenus par les autorités du logement de Hong Kong. A 23 milliards de dollars de Hong Kong (3 mds USD), il a suscité un vif intérêt, notamment parmi les petits investisseurs -- près d'un Hongkongais sur dix ont souscrit des actions.
Mme Lo a été déboutée en première instance mardi puis de nouveau jeudi en premier appel. Mais elle a déclaré vouloir aller jusqu'au bout en cour d'appel final.
La controverse a fait baisser la bourse de Hong Kong ces derniers jours, rendu nerveux les souscripteurs qui avaient emprunté pour acquérir les actions et irrité les autorités.
Le chef du gouvernement local, Tung Chee-hwa, avait accusé la semaine dernière les adversaires du projet d'"ignorer les intérêts généraux de Hong Kong" et de compromettre la réputation de la place financières à des fins politiques. Certains analystes se sont inquiétés de l'impact du fiasco sur la réputation de la place financière hongkongaise.
"Un groupe de citoyens de base et d'hommes politiques utilisent différentes tactiques pour bloquer l'introduction en bourse, tout en sachant que cela affectera l'Etat de droit et nuira à l'image de Hong Kong comme centre financier", a écrit lundi le Hong Kong Economic Times dans un éditorial. Mais une députée démocrate, Emily Lau, a rejeté sur le gouvernement la responsabilité des malheurs du REIT, estimant qu'ils étaient dus au manque de transparence du projet.
"Ils savaient depuis longtemps qu'il y avait un mécontentement du public à propos de la vente. Ils auraient dû traiter ce problème d'abord mais ils ont choisi d'ignorer la voix du peuple", a-t-elle dit à AFP.