Un rapport fédéral appelle à l'amélioration des normes dans les gratte-ciel
NEW YORK, 23 juin 2005 (AFP) - Un institut fédéral américain a appelé jeudi à l'amélioration des mesures et normes de sécurité dans les immeubles de grande hauteur, des recommandations émises après trois ans d'enquête sur les attaques du 11 septembre 2001 et qui ne devraient pas manquer de susciter le débat.
Parmi ces recommandations, destinées à renforcer la sécurité de manière générale - en cas de feu, de séisme, ou de coupure de courant, et pas seulement d'attentats - figurent la révision de normes "centenaires" sur les tests à la résistance au feu des matériaux, l'amélioration des standards de prévention des risques de destruction en cascade.
Le rapport, fruit du travail de 200 ingénieurs et techniciens, financé par 16 millions de dollars de fonds fédéraux, insiste aussi sur l'amélioration des procédures d'évacuation.
Il recommande une meilleure préparation des occupants (avec des campagnes d'éducation nationales), réclame des cages d'escaliers suffisamment grandes, y compris pour le flux de secouristes, et éloignées les unes des autres. Il suggère d'étudier les possibilités d'installation d'ascenseurs renforcés et résistants au feu pour les secours et personnes à mobilité réduite, et l'amélioration des systèmes d'alarmes et de communications, capables de fournir des informations en continu.
"Nous estimons que ces recommandations sont à la fois réalistes et réalisables dans un temps raisonnable, et devraient largement améliorer la manière dont on conçoit, construit, entretient et utilise les immeubles", a estimé jeudi Shyam Sunder, l'ingénieur qui a dirigé l'étude, lors d'une conférence de presse à quelques encablures de Ground Zero, le site où 2.749 personnes ont trouvé la mort dans la destruction des tours jumelles en septembre 2001.
"Ces recommandations devraient aussi conduire à des procédures d'évacuation plus sûres et plus efficaces", a ajouté le responsable du NIST, institution dépendant du département américain au Commerce et qui se veut indépendante de toute partie dans ce dossier.
Les recommandations du NIST n'ont pas de caractère obligatoire mais voudraient pousser l'ensemble des acteurs concernés à agir, dans un pays dépourvu de normes nationales, largement fixées par le secteur privé et quelques lois locales.
M. Sunder les a appelés à considérer ces suggestions de "manière immédiate et sérieuse". "Le NIST appelle fortement les propriétaires de bâtiments et les responsables publics à évaluer les implications de ces recommandations sur leurs propres immeubles... Il appelle aussi les Etats et institutions locales à appliquer rigoureusement les codes et normes".
Ce rapport de 10.000 pages, dont des versions préliminaires ont déjà été publiées, suscite déjà des questions, notamment sur les coûts supplémentaires de ces mesures.
Du côté de certains proches de victimes du 11 septembre, la critique est aussi parfois vive. Pour la "Campagne pour la sécurité des gratte-ciel" (SSC), un groupe de familles du 11 septembre très actif dans le lancement de l'enquête du NIST, "cette enquête aurait dû être... plus courageuse. Il aurait dû y avoir moins d'influence de la part du secteur de la construction".
L'association relève que le World Trade Center détruit n'était pas soumis aux normes pourtant fixées par les autorités new-yorkaises. S'inquiètant que le futur WTC ne le soit pas plus, elle demande au NIST et aux élus de s'assurer qu'aucun immeuble ne soit dispensé de se conformer à la loi.
Ce rapport sera ouvert pendant six semaines aux commentaires du public, avant la remise du rapport final. Une conférence finale est prévue les 13-15 septembre au siège du NIST dans le Maryland.