PARIS, 30 juin 2004 (AFP) - Le plan de cohésion sociale, dévoilé mercredi par Jean-Louis Borloo, fait le pari de s'appuyer sur la bonne volonté des acteurs de terrain, dont dépend largement le succès de l'entreprise.Le ministre de la Cohésion sociale a lui-même reconnu l'ampleur de la tâche, soulignant présenter son projet "avec enthousiasme" mais aussi "avec humilité parce qu'on sait très bien que ça dépend de chacun et de tout le monde", mercredi devant la presse.
"Le défaut majeur de ce plan est qu'il va reposer très largement sur la bonne volonté et les initiatives que pourront prendre les collectivités locales, les associations, les bailleurs sociaux, etc... et l'Etat se trouve relativement en retrait", a estimé le secrétaire général adjoint de l'Unsa, Jacques Mairé.
La mesure emblématique du volet emploi du plan, la création d'un "contrat d'activité" destiné aux bénéficiaires de minima sociaux, reflète bien cette problématique. La réalisation de l'objectif affiché d'offrir 1 million de contrats d'activité sur quatre ans dépendra largement de la volonté des collectivités locales et des associations de s'emparer du dispositif. Ce sont elles qui décideront ou non d'embaucher et une partie du financement sera à leur charge.
Ce sont également elles qui devront donner un véritable contenu au volet formation du contrat pour que celui-ci débouche sur une réelle qualification et ne vienne s'ajouter au "stages parking" dénoncés par le gouvernement. L'engagement de faire suivre chaque jeune en difficultés par un "référent" chargé de le soutenir jusqu'à ce qu'il parvienne à un emploi durable part de la même logique volontariste.
Le secteur privé est également prié de s'investir : la hausse de 40% du nombre d'apprentis sur quatre ans, pour atteindre le nombre de 500.000 en 2009, dépendra avant tout de la volonté des entreprises d'embaucher par cette voie, même si des incitations fiscales sont prévues pour les motiver.
Jean-Louis Borloo compte aussi sur l'"engagement" des entreprises pour lutter contre la discrimination raciale à l'embauche, leur demandant de signer une "charte de la diversité", avec à la clé, la menace d'un débat au Parlement sur les moyens de leur imposer des résultats. La construction de 500.000 logements sociaux sur cinq ans, autre mesure phare du plan, repose également sur un "pacte de confiance avec la profession", selon les mots du ministre. "La profession s'engage à suivre", a-t-il répété avec conviction mercredi, en parlant des bailleurs.
"Le plan se base beaucoup sur la contractualisation avec les autres partenaires, HLM, collectivités locales et entreprises", a jugé Patrick Doutreligne, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés.
"Mais si ça ne marche pas, qu'est-ce qu'on fait ? Il n'y a pas de filet de sécurité", a-t-il estimé, se disant "sceptique" sur l'engagement des collectivités locales, à cette hauteur-là". "On voit un début de mobilisation des élus, comme en Ile-de-France, mais quand on voit la bagarre menée par certains pour revenir sur l'obligation de
construction de 20% de logements sociaux, on n'est pas garanti contre l'échec", a-t-il rappelé.
Or, cette question prend d'autant plus de relief que la "loi libertés et responsabilité locales" --pas encore définitivement adoptée par le Parlement--, prévoit des transferts de compétences liées au logement vers les collectivités locales.