Plan Borloo: 13 milliards d'euros pour les "oubliés de la République"
"Il y a aujourd'hui trop d'oubliés de la République, de laissés-pour-compte de l'égalité des chances", résume-t-il dans un entretien au quotidien Le Parisien/Aujourd'hui en France de mercredi. Des propos qui font directement écho à la priorité donnée "à la justice sociale", qu'avait annoncée le président Jacques Chirac au lendemain du revers des élections régionales.
Le plan se présente sous forme de triptyque -- emploi, logement, égalité des chances --, dans "une démarche inédite consistant à traiter ensemble les grands problèmes qui mettent en péril la cohésion de notre pays", opposée à celle, "cloisonnée et morcelée", qui selon le ministre a trop longtemps prévalu.
Les moyens financiers dégagés s'élèvent à 12,757 milliards d'euros de crédits supplémentaires sur cinq ans, dans le cadre d'une loi de programmation quinquennale. C'est le volet emploi qui en absorbera la plus grande part, et en particulier sa mesure-phare: la création d'un "contrat d'activité", avec pour objectif d'en offrir 1 million en quatre ans dans le secteur non-marchand aux allocataires des minima sociaux. Cette mesure seule coûtera à l'Etat 5,2 milliards d'euros au total (y compris par redéploiements de crédits) d'ici à 2009.
L'autre public auquel le plan entend offrir des portes de sortie vers l'emploi durable: celui des jeunes en difficulté. En cinq ans, le but est d'offrir un débouché professionnel à 800.000 d'entre eux à travers des formations en alternance dans le secteur privé et dans la Fonction Publique et des contrats aidés.
Enfin, le plan propose une innovation dans le service aux chômeurs par la création ou la labellisation de 300 "maisons de l'emploi" destinées à fédérer les acteurs locaux de la politique de l'emploi et aider ceux qui rencontrent des difficultés. La deuxième ambition du plan Borloo est de résoudre la crise du logement. A cette fin, il se fixe comme objectif la construction de 120.000 logements sociaux par an pour aboutir à 500.000 en cinq ans, l'Etat s'engageant à "garantir les financements". Il prévoit en outre la création de 12.300 places supplémentaires d'accueil et d'hébergement d'urgence, soit 4.000 places en maisons-relais pour des personnes en grande difficulté, et 7.000 pour des demandeurs d'asile. Dans son volet sur l'égalité des chances, qui concerne aussi l'égalité entre les territoires, le plan prévoit que les communes qui comprennent des zones urbaines sensibles (ZUS) bénéficieront d'une augmentation de la dotation de solidarité urbaine (DSU) de 600 millions d'euros sur cinq ans et d'une meilleure répartition selon les besoins.
L'égalité des chances est aussi déclinée sous la forme de "plates-formes de réussite éducative" dans les écoles primaires et les collèges. Enfin, Jean-Louis Borloo a appelé les partenaires sociaux à ouvrir six chantiers de négociation, en particulier sur la question très polémique de la durée du travail.