Marchés publics : Roussin en position difficile avant le réquisitoire
Cet ancien du renseignement n'a rien "lâché" contre son ancien patron, si ce n'est cette phrase ambiguë : "Depuis onze ans, je suis poursuivi chaque fois parce que je suis le directeur de cabinet du maire de Paris et à ce seul titre". Accusé de complicité et recel de corruption, il risque 10 ans de prison.
Bon nombre de ses co-prévenus qui l'avaient chargé lors de l'instruction - chefs d'entreprise, mandataires des partis, intermédiaires de la région - se sont rétractés à la barre mais deux patrons ont maintenu leurs accusations.
Ils ont raconté les pressions auxquelles se serait livré l'ancien ministre pour qu'ils versent 2% du montant des marchés aux partis (1,2% au RPR à partager avec le Parti républicain (PR), 0,8% au Parti socialiste).
Sur la trentaine d'entrepreneurs du BTP poursuivis, plusieurs ont reconnu une entente pour se répartir les marchés avec l'assentiment du conseil régional et le "racket" des 2%.
Présent à toutes les audiences depuis l'ouverture, le 21 mars, du procès où comparaissent 47 prévenus, M. Roussin a admis qu'il était au courant des 2% mais nié y avoir été "associé de près ou de loin". Un ancien trésorier du PR, Jean-Pierre Thomas, l'a cependant mis en difficulté, affirmant avoir été informé par lui d'un "accord entre les partis" pour démarcher les entreprises à l'occasion des marchés de lycées afin d'obtenir des "dons".
Cette rencontre, qui a eu lieu sur instruction du président du PR, Gérard Longuet, vaut à ce dernier d'être poursuivi pour recel de corruption (10 ans de prison encourus). Seul chef de parti jugé dans cette affaire, il a nié avec véhémence tout accord.
Bien qu'il se défende de tout rôle dans le financement du RPR, M. Roussin a aussi eu du mal à justifier son intervention en 1992 pour écarter le collecteur de fonds du parti gaulliste, Jean-Claude Méry, qui s'intéressait de trop près aux marchés des lycées.
Autre figure politique du procès, l'ancien président RPR du conseil régional Michel Giraud (1992-1998), accusé d'avoir "couvert" le système de corruption et qui nie toute malversation. Sa crédibilité a souffert avec un épisode révélateur du climat de corruption de l'époque : la remise de 2 millions de francs (environ 300.000 euros) en 1995 à un conseiller écologiste, dont M. Giraud, alors au gouvernement, a affirmé qu'ils provenaient des fonds secrets de Matignon.
Les collaborateurs d'Edouard Balladur ont formellement démenti, n'imaginant pas une seconde faire jouer les "facteurs" à un ministre. L'accusation soupçonne un achat de voix pour le vote du budget avec de l'argent des entreprises.
Dernière "star" du procès, le champion olympique Guy Drut a déjà annoncé qu'il se mettait "un tout petit peu en retrait" de la promotion de Paris pour les JO 2012.
Payé 20.000 francs par mois (3.000 euros) par une entreprise du BTP pour un emploi présumé fictif, le député chiraquien, qui risque 5 ans de prison et une peine d'inéligibilité, n'a pu justifier d'aucune affaire apportée par son entremise.
Le procès doit se poursuivre jusqu'en juillet avec les plaidoieries de la défense.