ConnexionS'abonner
Fermer

Marchés publics: l'histoire d'un triple échec qui a meutri la démocratie

Publié le 09 juin 2005

Partager : 

PARIS, 8 juin 2005 (AFP) - Le procureur Henri Génin a décrit mercredi le dossier des marchés publics d'Ile-de-France comme "l'histoire d'un triple échec dont la démocratie est certainement sortie meurtrie", demandant au tribunal de sanctionner les "manquements les plus graves" à la probité.
Pour le représentant du parquet, ce lourd dossier, emblématique des dérives du financement politique, a été à la fois l'échec de "la première collectivité locale d'Europe", le conseil régional d'Ile-de-France, qui n'a pas su répondre au défi de la décentralisation, la faillite des entreprises qui ont choisi de fausser le jeu de la concurrence dans l'attribution des marchés des lycées, et des partis politiques "écornifleurs indésirables s'invitant à la table des entrepreneurs pour prélever leur écot".

"C'est l'histoire d'un triple échec dont la démocratie est certainement sortie meurtrie", a déclaré M. Génin, décrivant "un système dynamique, articulé, parfaitement conçu où toutes les parties sont interdépendantes".

Il s'agit d'"un système triangulaire beaucoup plus pernicieux" qu'un pacte de corruption classique liant deux parties, a-t-il détaillé. Pour lui, c'est un système qui lie les entreprises à la collectivité publique "sous les hospices d'un troisième partenaire, le parti politique, directement intéressé par le produit de la corruption".

"Le rapporteur de la loi Perben II a, il y a quelques temps, estimé que le délit de corruption ne pouvait être commis en bande organisée, il n'avait manifestement pas eu accès à notre dossier", a noté avec ironie M. Génin.

Evoquant les critiques qui ont visé l'instruction de cette affaire, le procureur a ensuite relevé qu'il y avait dans ce procès "effectivement des chaises vides sur lesquelles on aurait pu mettre des noms comme sur les prie-dieu dans les églises où les paroissiens les plus illustres ne sont pas forcément les plus assidus à l'office".

Les pratiques ont impliqué "de très nombreuses entreprises" et "mettent en cause des partis politiques et pas des moindres (...), les grandes formations politiques qui animent encore la vie démocratique de notre pays, le PS et le RPR devenu aujourd'hui UMP, à l'époque présidé par le maire de Paris, futur et actuel chef de l'Etat", a souligné M. Génin.

"Le plus remarquable, c'est que ce dossier a résisté à l'audience", a-t-il enchaîné raillant les mises en cause "ridicules" des pressions du juge d'instruction ou les dénégations "contagieuses" des chefs d'entreprise.

Au terme d'une introduction d'une trentaine de minutes, il a enfin invité la 11ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, présidé par Jean-Louis Kantor, à "sanctionner les manquements les plus graves au devoir de probité de ceux qui portent l'intérêt général" et "le non-respect de la morale des affaires".

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.