Les prix de l'immobilier ancien en France ont augmenté de 70% depuis 1998
70% en six ans et la hausse s'est accélérée depuis 2002 dans tous les régions
françaises, alors que le revenu disponible des ménages n'a progressé que de
24%, selon l'Insee qui a du mal à expliquer cette flambée.
A Paris, les prix des appartements anciens se sont envolés dans le même temps de 83,1%. L'augmentation trois fois moins importante du revenu des ménages grippe le système pour les plus modestes et alimente la crise du logement. L'acheteur qui pouvait s'offrir 100 mètres carrés en 1998 ne peut pour la même somme s'acheter que 93 mètres carrés en 2004, a calculé l'Institut.
En Ile-de-France, région qui construit très peu et où la demande de logement est forte, la hausse "touche tous les départements franciliens", les Hauts-de-Seine (+70,4%) talonnant la capitale.
Pour Alain Jacquot, chef de la division logement à l'Insee, "on a beaucoup de mal à expliquer cette hausse". Un certain nombre d'experts et de professionnels du secteur expliquent depuis plusieurs mois que les prix montent car il y a une demande croissante de logements, notamment en raison des divorces, et que de l'autre côté il y a peu de logements disponibles. Ces arguments ne semblent pas convaincre l'Insee. Depuis le début des années 1990, on évalue à environ 250.000 le nombre de nouveaux ménages chaque année en France, qu'il s'agisse de jeunes qui quittent leurs parents ou de couples qui se séparent.
Il n'y a pas plus de ménages qui cherchent à se loger aujourd'hui, alors que les prix montent, que lorsque les prix baissaient, explique M. Jacquot. D'autre part, "on construit actuellement plus de logements que pendant la phase de baisse au début des années 90", plus de 300.000 logements construits par an alors qu'on était en dessous de ce chiffre de 1992 à 1998, poursuit M. Jacquot.
Pour lui, "l'argument démographique ne tient pas trop la route". Une autre raison souvent avancée pour expliquer la hausse des prix est le désamour des Français pour la Bourse, qui se tourneraient vers l'immobilier, considéré comme un placement plus sûr. Or, selon M. Jacquot, le retour de la hausse des prix des logements anciens date du début 1998 et il est "antérieur" au krach boursier de 1990-2000.
Seule la baisse des taux d'intérêt, qui se situent à des niveaux historiquement bas, a pu jouer et peut expliquer partiellement la montée des prix.
Reste l'hypothèse d'un marché spéculatif, rejetée avec constance par la plupart des professionnels depuis des mois. "C'est la grande question", reconnaît M. Jacquot. "On n'a pas de procédure scientifique satisfaisante pour être sûr qu'on est face à ce genre de phénomène. Quand une bulle spéculative éclate, on se rend compte a posteriori qu'on était dans une bulle spéculative justement parce qu'elle éclate", explique-t-il.