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Les destructions au Liban ont atteint 2,5 milliards de dollars

Publié le 03 août 2006

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Les destructions au Liban provoquées par trois semaines de bombardements israéliens ont atteint 2,5 milliards de dollars, et il faudra pas moins de trois ans pour réhabiliter les infrastructures et reconstruire les habitations, selon une nouvelle estimation officielle.
"Le montant des dégâts occasionnés aux infrastructures, aux habitations, au tissu industriel, au secteur de distribution de l'énergie et aux installations militaires, a augmenté de 500 M USD environ pendant la troisième semaine d'agression israélienne, pour atteindre 2,46 mds USD", précise un rapport dont l'AFP a obtenu une copie. Selon une première estimation préparée par le Conseil de Développement et de Reconstruction (CDR, étatique) à la demande du gouvernement, les destructions provoquées par l'armée israélienne depuis le 12 juillet étaient évaluées à 2,07 mds USD, la semaine dernière. Le président du CDR, Fadl al-Chalak, a affirmé à l'AFP que "le montant des destructions augmentera encore car il s'agit de la campagne la plus violente et la plus destructrice en trente ans d'agressions israéliennes contre le Liban".

"Les Israéliens mènent la politique de +terre brûlée+ au sud et frappent systématiquement la région de Baalbeck-Hermel" au nord-est, a affirmé M. Chalak, bras droit de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri qui avait diligenté la reconstruction depuis la fin de la guerre jusqu'à son assassinat en février 2005. L'armée israélienne cherche à établir une zone tampon frontalière au sud où se cachent les combattants du Hezbollah et a intensifié ses raids sur l'autre fief chiite, à Baalbeck, à 150 km de la frontière libano-israélienne. Les démolitions des habitations et des commerces représentent 1,5 des 2,5 mds USD, "ce qui préfigure d'ores et déjà une crise sociale majeure dont l'élément explosif est les 900.000 déplacés des zones sinistrées", selon M. Chalak.

Les dégâts dans la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah où une centaine d'immeubles d'une dizaine d'étages ont été anéantis, se montent à 638 millions USD et ceux dans le Liban sud à 492 M USD. S'y s'ajoutent 90 M USD pour la plaine de la Bekaa et 244 M USD de dégâts divers, selon le CDR. Le coût des infrastructures se montent à 785 M USD, dont 404 M USD pour le secteur des transports, 208 M USD pour l'électricité, 99 USD pour les télécommunications et 74 M USD pour le secteur de l'eau. Dans le domaine industriel, les dommages se montent à 190 M USD, 10 M USD pour les stations d'essence alors que 16 M USD concernent les installations militaires.

"Les dégâts physiques sont énormes pour un petit pays comme le Liban, qui a déjà dû dépenser près de 6 mds USD pour la reconstruction après 15 ans de guerre (1975-1990), deux invasions israéliennes en 1978 et 1982 et des frappes aériennes israéliennes en 1993 et 1996", explique M. Chalak. Même si M. Chalak est confiant dans l'aide qu'apporteront les bailleurs de fonds étrangers, notamment arabes, pour financer la reconstruction, il prône une "accélération" du début des travaux, dès l'instauration du cessez-le-feu. "L'Arabie nous a octroyé 500 M USD, le Koweit 300 et le Fonds arabe de développement économique et social (FADES) 100", dit il. Mais selon lui, "le coût de la reconstruction sera 40% plus cher que par le passé en raison de l'augmentation du prix des matières premières". Les destructions grèveront le budget de l'Etat qui déboursera des dizaines de millions de dollars pour déblayer "rapidement" les décombres des habitations et réparer le réseau électrique et d'adduction d'eau.

"L'agression israélienne est intervenue à un moment où le Liban se préparait à réunir des bailleurs de fonds internationaux pour l'aider à juguler sa dette astronomique, de 40 mds USD, et réformer son économie en privatisant et en dégraissant une administration pléthorique. Aujourd'hui, il faut s'atteler de nouveau à la reconstruction et oublier le reste", selon M. Chalak. Selon lui, la réhabilitation des infrastructures prendra deux à trois ans et celui des habitations plus longtemps, "car les privés devront mettre la main à la poche, ce qui n'est pas évident".

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