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Les artisans du bâtiment en quête de plus de 40.000 ouvriers qualifiés

Publié le 04 avril 2005

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NANTES, 31 mars 2005 (AFP) - Les artisans du bâtiment souffrent depuis plusieurs années d'un manque de main d'oeuvre qualifiée et peinent à séduire les jeunes malgré leurs efforts pour redorer le blason de la "première entreprise de France".
"On pourrait embaucher plus de 40.000 personnes", selon Dany Bourdeaux, vice-présidente de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) à laquelle adhèrent un tiers des artisans français, soit environ 100.000 membres.

Faute de main d'oeuvre, "on ne prend pas tous les chantiers que l'on devrait prendre, on fait attendre les clients", explique la vice-présidente, elle-même femme d'artisan dans le sud de la France. A l'occasion de son assemblée générale annuelle jeudi et vendredi à Nantes, la Capeb a décidé d'attirer l'attention sur ce sujet qui met selon elle en péril l'avenir de la profession.

En octobre 2004, 76% des entreprises artisanales du bâtiment de plus de 10 salariés et 58 % des entreprises de moins de 10 salariés ont déclaré rencontrer des difficultés de recrutement, relève une étude de la Capeb présentée lors de l'assemblée générale.

"Pour nous c'est un très gros problème de trouver de la main d'oeuvre qualifiée. Nos salariés sont autonomes sur les chantiers, et doivent rendre des produits finis", explique Mme Bourdeaux.

Selon la vice-présidente, cette situation s'explique par "un problème de méconnaissance et de dévalorisation des métiers manuels en France". "Nous souffrons d'un déficit d'image qui touche tous les métiers manuels, on ne sait pas assez bien vendre nos métiers et pourtant nous avons fait de très gros efforts dans les cinq dernières années, notamment sur les salaires qui ont augmenté de 15%", assure Mme Bourdeaux.

Le souci majeur reste le recrutement des jeunes appelés à prendre la relève des artisans actuels dont l'âge moyen ne cesse de s'élever. "Le tiers des chefs d'entreprises artisanales du bâtiment a plus de 50 ans et devra céder la main dans les dix ans à venir", selon la Capeb, "c'est dire que la pénurie est inéluctable et que les potentialités d'embauches sont massives".

"L'éducation nationale ne parle pas comme elle le devrait des métiers manuels, c'est souvent une orientation par défaut, l'école n'a pas pris en compte la spécificité de nos métiers, on ne nous envoie pas les bons élèves", regrette Mme Bourdeaux, qui note que la technicité des métiers de l'artisanat a beaucoup évolué et demande aujourd'hui un minimum de connaissances générales.

Pourtant, "la plus grande entreprise d'insertion en France, c'est l'artisanat", aime à rappeler la vice-présidente de la Capeb pour qui l'artisanat est "un ascenseur social, car l'apprenti peut un jour devenir chef d'entreprise".

"Il est difficile d'admettre que nous avons en France un niveau de chômage de 10%, avec plein de jeunes qui n'ont pas de perspective d'emploi, et que nous sommes obligés d'aller chercher des salariés hors de nos frontières", relève de son coté le président de la Capeb, Jean Lardin. Pourtant, souligne-t-il, "les entreprises qui ont besoin de main d'oeuvre n'hésiteront pas à aller la chercher à l'extérieur".

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