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Le krach de l'immobilier, serpent de mer de l'économie britannique,

Publié le 24 janvier 2005

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LONDRES, 20 jan (AFP) - Le scénario d'une baisse brutale des prix de
l'immobilier en Grande-Bretagne, après cinq années de flambée, agite à
nouveau
les experts qui sont toutefois divisés sur l'ampleur et les répercussions de

l'essoufflement du marché observé depuis quelques mois.
Chaque mois, les Britanniques suivent l'évolution des prix de l'immobilier avec attention, et de plus en plus souvent avec inquiétude : en 2005, comme en 2004 déjà, certains économistes prédisent un krach immobilier.

En Grande-Bretagne, où 69% des ménages sont propriétaires de leur logement et se sont lourdement endettés pour acquérir une maison, ce spectre fait trembler les particuliers, mais aussi les responsables économiques du pays.

Car l'immobilier, avec ses prix faramineux (le prix moyen d'un appartement de deux pièces est de 160.000 livres sterling, soit 228.500 euros) a, en Grande-Bretagne plus qu'ailleurs, un impact direct sur l'économie, la consommation des ménages et l'activité des entreprises.

Les ménages britanniques garantissent en effet leurs crédits à la consommation sur la valeur de leur maison : tout effondrement des prix aurait un impact sur leur niveau de dépenses et donc sur la croissance économique. Les différents rapports des organismes de crédit comme la banque Halifax ou des organismes professionnels comme la Société royale des experts immobiliers, se contredisent encore.

Pour Halifax, les prix de l'immobilier ont progressé de 1,1% en décembre par rapport en novembre, tandis que sa concurrente Nationwide a annoncé au contraire un recul de 0,2% sur la même période.

Une certitude, la période d'envolée soutenue des prix est bel et bien finie : on est loin de la progression mensuelle de 3,4% enregistrée en avril 2002 et des bonds de... 424% enregistrées depuis 1983 ou de 90% depuis 2000.

"Les acheteurs potentiels ont désormais peur de trop payer pour un bien immobilier et, s'ils achètent, ils redoutent de revendre à un prix inférieur", résume Ed Stansfield, expert du marché de l'immobilier au groupe financier Capital Economics.

Selon cet économiste, les prix de l'immobilier devraient baisser de 5 à 6% en 2005.

"Depuis deux à trois ans, poursuit-il, l'évolution des prix n'est plus justifiée par les facteurs fondamentaux, comme l'évolution des taux d'intérêt et des salaires".

Une analyse partagée par Peter Spencer, professeur d'économie à l'université d'York (nord de l'Angleterre), qui souligne que le cercle vertueux de l'immobilier s'est grippé.

"Lorsque les prix de l'immobilier progressent, cela signifie que les propriétaires disposent potentiellement d'un bien d'une valeur telle qu'ils peuvent emprunter pour acheter une maison plus grande, et c'est précisément ce qui fait grimper les prix", souligne Peter Spencer.

"Or quand les prix baissent, c'est tout ce mécanisme qui est remis en question : ce qui marche à la hausse marche également à la baisse", poursuit-il.

Dans ce contexte, les Britanniques font immanquablement le rapprochement avec le krach immobilier du début des années 90.

Les taux d'intérêt étaient alors passés en quelques mois de 7,5% à 15%, ce qui avait déclenché des réactions en cascade : effondrement de la demande immobilière, plongeon des prix, étranglement des ménages britanniques, le montant de leur emprunt devenant plus important que la valeur de leur bien.

"Le parallèle est tentant : les prix sont aussi sur-évalués maintenant qu'ils l'étaient alors, souligne Ed Stansfield, de Capital Economics. "Mais l'économie britannique est en bien meilleure santé aujourd'hui", ajoute-t-il aussitôt.

Pour provoquer un krach, "il faudrait que le chômage explose et que les taux d'intérêt s'envolent. Et ce n'est pas près d'arriver", renchérit Peter Spencer, tablant sur un "recul modeste" des prix de l'immobilier, de 2%, en sur 2005.

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