L'économie américaine donne de nouveaux signes de sa bonne santé
Malgré toutes les craintes, le secteur immobilier semble en effet échapper au scénario d'un éclatement de la bulle qui plomberait l'économie. "Nous avons une preuve supplémentaire que nous connaissons un atterrissage en douceur", a estimé David Lereah, chef économiste du groupement national des agents immobiliers (NAR). Autre très bon chiffre annoncé mercredi, les commandes de biens durables ont bondi de 6,1% en mars par rapport à février, soit trois fois plus que prévu par les analystes.
"Ce sont de très bons chiffres, qui révèlent une vigueur généralisée" dans l'industrie, souligne Sal Guatieri de BMO Financial Group. La progression de mars s'explique notamment par un bond de 71,1% des commandes d'avions commerciaux. Mais même en retirant les composantes assez volatiles que sont les transports et de la défense, les chiffres de mercredi révèlent une vigueur remarquable, selon les analystes.
Les commandes de biens d'équipement hors défense et hors aviation, très suivies parce qu'elles sont un bon indicateur de la volonté d'investissement des entreprises, ont affiché une robuste progression de 3%. Ce qui est de bon augure pour l'expansion, soulignent en choeur les analystes.
Ils attendent vendredi la publication de la croissance pour le premier trimestre et tablaient avant la publication des biens durables sur une hausse de 4,9% du PIB. Selon Drew Matus, de Lehman Brothers, il faut plutôt tabler désormais sur 5,2%. Au-delà du premier trimestre, ces chiffres envoient un signal rassurant sur la capacité des entreprises à prendre le relais des consommateurs pour soutenir la croissance, si d'aventure ceux-ci faiblissaient face au ralentissement de l'immobilier et à la hausse des prix du pétrole, souligne Nigel Gault, économiste chez Global Insight.
Pour l'instant, les consommateurs ne semblent pas trop se formaliser, comme en témoigne la progression des ventes immobilières, et leur confiance qui a atteint son plus haut niveau en quatre ans en avril. Pour la Fed, ces indices renforcent la pression pour qu'elle continue d'augmenter ses taux. Selon M. Matus, les entreprises vont devoir prochainement se mettre à augmenter leurs capacités de production et à investir, et "la croissance pourrait accélérer de même que l'inflation".
La Fed avait estimé lors de sa dernière réunion en mars que la fin de son cycle de hausse de taux était proche. Une partie des analystes a interprété ce message comme l'annonce que la banque centrale arrêterait de remonter le loyer de l'argent après une dernière hausse en mai, à 5%. Mais "avec une succession de bons chiffres, la Fed pourrait être encouragée à continuer après le mois de mai", estime Jason Schenker du groupe Wachovia.
Le président de la Fed Ben Bernanke donnera peut-être des indices plus clairs jeudi, lors de son audition par une commission du congrès.