L'eau en Afrique, maillon essentiel vers les objectifs du Millénaire
Le président Jacques Chirac, représenté par l'ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) Michel Camdessus, a fait lire un message appelant "solennellement" à la mobilisation pour soutenir ce projet estimé à 14,2 milliards de dollars sur dix ans. Une somme qu'il compare aux 22 milliards de dollars par an que coûte la situation actuelle en matière alimentaire, de santé et d'éducation.
Le ministre des finances Thierry Breton a pour sa part promis 40 millions d'euros supplémentaires pour cette initiative lancée l'an dernier.
Réduire de moitié la proportion de la population qui n'a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable est l'un des objectifs de développement pour le Millénaire (OMD), d'ici 2015. Ces objectifs prévoient en outre que tout le monde ait un accès à l'eau potable d'ici 2025.
2005 est considérée comme une année-clé en matière d'aide au développement en raison de la coïncidence de la présidence britannique du G7, du bilan sur cinq ans prévu en septembre des OMD, et du présent état d'esprit du public, mis en lumière par l'élan de solidarité après le tsunami en Asie.
Selon le ministre du Développement Xavier Darcos, la France a de bonnes raisons de s'engager pour cette initiative: l'eau est en effet un domaine où les conditions financières "peuvent régler beaucoup de choses, ce qui n'est pas toujours le cas".
De plus, l'accès à l'eau en zone rurale "est la clé d'une multitude d'autres OMD comme la santé, l'éducation des filles, la texture même de la famille et de la vie", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse. Enfin, il s'agit d'un projet déjà bien sur les rails puisqu'il est financé à hauteur de 40% et "extrêmement solide", a souligné M. Camdessus.
Or "l'eau a toujours été la Cendrillon des OMD, elle a même failli ne pas en faire partie", a-t-il relevé. L'ancien directeur du FMI s'est félicité que la BAfD ait eu "le courage" de s'attaquer en priorité au problème de l'eau en milieu rural, particulièrement difficile à financer.
"Il subsiste un besoin de financement d'environ 460 millions de dollars par an jusqu'à fin 2007. Nous formons le voeu que la communauté internationale se montrera, à terme, à la hauteur du défi et qu'elle réunira les financements nécessaires", a déclaré le président de la BAfD, Omar Kabbaj.
Concrètement, cette initiative ne concernera pas tous les pays africains en même temps, a expliqué M. Kabbaj. "Nous n'allons pas démarrer s'il n'y a pas des conditions minimales de réussite". C'est le cas pour 17 pays, a-t-il ajouté, précisant que les autres recevront une assistance technique pour s'engager à leur tour sur cette voie.
Evoquant la nomination controversée de Paul Wolfowitz à la tête de la Banque mondiale, M. Camdessus a souligné que la France lui recommandait en priorité "d'abord l'Afrique, ensuite l'Afrique, et enfin l'Afrique".