GB: "Home cher home": l'onéreuse obsession des Britanniques pour
obsession l'évolution du marché de l'immobilier alors que la progression des prix des maisons et appartements commencent à donner des signes
d'essoufflement après cinq années de flambée.
Les risques d'une baisse brutale des prix de l'immobilier sont en effet au centre des préoccupations de la Banque d'Angleterre (BoE) et déterminent l'évolution de ses taux d'intérêt, comme l'a confirmé mercredi le compte-rendu de la réunion des 4 et 5 août de son comité de politique monétaire.
La BoE qui a relevé son loyer de l'argent à cinq reprises depuis novembre pour éviter une surchauffe de l'économie britannique, estime que "les risques d'une baisse brutale des prix de l'immobilier ont augmenté" en août par rapport à juillet, "ce qui se répercuterait sur une croissance des dépenses des ménages moins forte qu'attendu".
Les particuliers sont, eux aussi, très attentifs aux signes de fléchissement du marché de l'immobilier: la RICS a annoncé qu'en juillet pour la première fois en un an les prix avaient stagné.
Une analyse conforme à celle de la banque Halifax pour qui les prix de l'immobilier ont progressé seulement d'1,3% en juillet par rapport à juin mais de 22,1% sur l'année pour atteindre plus de 160.000 livres sterling (242.000 euros) en moyenne pour un appartement de deux chambres.
"Des prix élevés de l'immobilier permettent aux propriétaires d'utiliser la richesse potentielle" et les incite à emprunter pour consommer, explique Milan Khatri, chef économiste de la RCIS.
"L'immobilier est considéré par les Britanniques comme un réservoir de richesse et comme une façon de préparer leur retraite", ajoute cet expert.
Plus de sept Britanniques sur dix sont propriétaires de leur maison ou appartement. A en juger par le nombre de magazines spécialisés offrant des conseils sur les emprunts immobiliers et par le nombre d'émissions de télévision en début de soirée consacrées à l'aménagement intérieur, l'immobilier est une obsession nationale.
"Il y a chez les Britanniques une obsession de la propriété, confirme Paul Webley, professeur d'économie à l'université d'Exeter. Cela remonte à l'après-guerre où une culture de la sécurité s'est développée".
"Avoir un bien immobilier reste le pari le plus sûr", poursuit-il en soulignant que l'effondrement brutal des prix du début des années 90 n'a pas remis en cause l'attachement des Britanniques pour leur "Home sweet home".
Les taux d'intérêt étaient alors passés en quelques mois de 7,5% à 15%, ce qui avait déclenché une réaction en cascades: effondrement de la demande immobilière, plongeon des prix, étranglement des ménages britanniques alors que le montant de leur emprunt est soudain devenu plus important que la valeur de leur bien.
"Il faudrait un cataclysme pour remettre cet attachement en cause: aux yeux des Britanniques, avoir une maison continue à définir la personne que l'on est", conclut Paul Webley.
Reste que le spectre du krach immobilier hante à nouveau les Britanniques à l'instar de Greg Solton qui a créé en 2003 un site internet baptisé housepricecrash.co.uk (littéralement, krach de l'immobilier).
"Depuis plusieurs mois, on entend parler de krach de l'immobilier. Ce site est le seul qui permet aux acheteurs potentiels et aux propriétaires d'échanger des informations et des avis sur la question", explique Greg, 29 ans.
Chaque jour, 10.000 personnes se connectent au site: "Beaucoup sont comme moi et estiment que le niveau actuel des prix n'est pas sain et va finir par s'effondrer", conclut Greg Solton.