Fidel Castro met à son tour "Bush sur le divan"
invité dans la campagne électorale américaine en brossant lundi soir le
portrait du président George W. Bush en alcoolique mal repenti, belliciste et fondamentaliste religieux, assurant une promotion inédite à l'ouvrage d'un psychiatre américain pro-démocrate.
Bush, en réplique aux accusations de ce dernier selon lesquelles Cuba serait devenu le lieu de prédilection des pédophiles et du tourisme sexuel. "Il n'y a qu'une raison pour laquelle je suis dans le Bureau Ovale et pas dans un bar. J'ai rencontré la foi, j'ai rencontré Dieu": devant le corps diplomatique, le président cubain a multiplié les citations attribuées au président américain dans le récent ouvrage "Bush sur le divan", rédigé par "l'éminent spécialiste américain", le Dr Justin Frank.
Celui-ci soutient que le président américain "a le profil de l'ancien buveur dont l'alcoolisme a été stoppé, mais pas traité" et que "subsistent les interrogations sur les dommages permanents" produits par "plus de 20 ans d'alcoolisme" avant son entrée à la Maison Blanche.
Paraphrasant le psychiatre, Fidel Castro, visiblement conquis par l'ouvrage et en bonne forme physique, a également estimé que "Bush doit avoir trouvé dans la religion une source d'apaisement pas totalement différente de l'alcool".
"Bush a transformé sa vision destructurée et infantile du monde en une politique extérieure absolument combative (et primitive)", a-t-il ajouté, citant cette fois l'auteur.
Le président cubain, 77 ans, prononçait son allocution annuelle au milieu d'un regain de tension avec Washington. Régulièrement comparé à Hitler, soupçonné de vouloir renverser par la force le régime castriste, le président Bush vient de durcir l'embargo contre Cuba et d'accuser l'île communiste de s'être "convertie en la principale destination du tourisme sexuel", ce que Fidel Castro a qualifié de "calomnies et mensonges".
Les touristes, principaux pourvoyeurs de devises à Cuba, sont "dans leur immense majorité des retraités accompagnés de leurs familles, venus profiter de la tranquillité exceptionnelle" de l'île", a-t-il assuré.
Pour son plus important rendez-vous annuel avec la nation, en près d'une heure et demie de discours, le président cubain n'a soufflé mot de la situation et de l'avenir de l'île.
Cuba attend notamment des nouvelles d'un important forage pétrolier dont le résultat pourrait bouleverser l'économie de l'île, et est suspendue à l'issue du référendum le 15 août au Venezuela. Si le président Hugo Chavez, admirateur de Fidel Castro, était battu, Cuba serait privé d'un tiers de ses ressources pétrolières et menacé d'un nouvel effondrement économique.
Fidel Castro a par contre prévenu le président Bush que l'embargo renforcé pourrait lui coûter "de 15 à 20.000 électeurs" en Floride, où la communauté cubaine exilée est désormais privée de voyage familial annuel à Cuba, réduit à un tous les trois ans depuis le 30 juin.
Qualifiant de "victoire frauduleuse" l'élection du président Bush en novembre 2000 "avec un misérable avantage de 537 voix en Floride", le président cubain a dénoncé "son obsession fanatique de faire capituler Cuba au moyen de l'asphyxie économique".
Il a également cité des passages du livre de Michael Moore, "Stupides hommes blancs", qui fait suite à son brûlot cinématographique anti-Bush "Fahrenheit 9/11", et de Bob Woodward "Bush en guerre".
Pour cause de mauvais temps, Fidel Castro, qui affectionne les discours en plein air, s'exprimait dans l'amphithéâtre de l'Université de la ville de Santa Clara (centre) devant un millier d'invités.