ConnexionS'abonner
Fermer

Enquête sur le Tarn : l'étrange mort de chiens par empoisonnement (

Publié le 05 août 2005

Partager : 

PARIS, 3 août 2005 (AFP) - La mort mystérieuse de chiens ces dernières années dans les Gorges du Tarn, haut-lieu touristique estival, a finalement été liée aux effets de la sécheresse, qui provoque dans les eaux de la rivière une concentration de pesticides et un développement d'algues potentiellement dangereuses.
A l'été 2002, un mal étrange sème l'alarme dans ce défilé lozérien au fond duquel kayakistes, baigneurs et animaux de tous poils se partagent les rares eaux d'un Tarn touché par la sécheresse : 26 chiens tombent malades et 20 d'entre eux décèdent brutalement. "Les chiens intoxiqués présentent très rapidement des signes nerveux, entre 1/4 d'heure et une heure après avoir bu : tremblements, troubles de la démarche, convulsions, coma et arrêt respiratoire entraînant la mort", décrit à l'AFP le Dr Claude Colardelle, directeur départemental des services vétérinaires à Mende.

L'enquête s'oriente vers "un acte de malveillance, un empoisonnement volontaire ou une pollution par un pesticide", raconte-t-il. Investigations de la gendarmerie, autopsies des chiens, analyses de l'eau, tous services de l'Etat concernés alertés... La piste criminelle mène à une impasse. Un spécialiste avance alors l'hypothèse d'une intoxication due aux cyanobactéries, des algues produisant des toxines lorsqu'elles sont stressées. Aucun cas n'avait encore été recensé en France.

A l'été 2003, cette théorie semble se confirmer alors que s'abat sur la France canicule et sécheresse : 11 chiens intoxiqués, six meurent. En 2004, aucun cas n'est recensé : crues importantes pendant l'hiver 2003-2004, printemps pluvieux, orages vers la mi-août ont maintenu un débit satisfaisant. Mais la sécheresse de 2005 a ramené le phénomène : déjà quatre chiens intoxiqués dont trois sont morts.

"C'est essentiellement lié" à la sécheresse, note le représentant départemental du Conseil supérieur de la pêche, Marc Le Baron, interrogé par téléphone. Pour lui, il y a une association de facteurs - température atmosphérique, température de l'eau, débits - qui, associés à la présence de nutriments azotés ou phosphorés, ont tendance à favoriser les développements de masses végétales".

Parmi ces algues figurent les cyanobactéries, qui stressent "quand elles entrent en concurrence avec les autres masses végétales. Elles libèrent alors des hépatotoxines ou des neurotoxines, qui sont ingérées par les chiens", explique-t-il. "Le facteur température paraît déterminant pour la croissance des cyanobactéries et la libération des toxines", estime également le Dr Colardelle en mettant en cause "le phénomène réchauffement général climatique, des étés secs et chauds".

"Clairement, tous les chiens intoxiqués se sont abreuvés aux heures les plus chaudes de la journée", au moment où le dégagement éventuel de toxines est le plus fort. Alors que la faune sauvage, qui se désaltère tôt le matin ou le soir, n'a pas été touchée.

La piste cyanobactéries semble donc privilégiée. "Mais pour l'instant les conclusions ne sont pas claires", prévient Alain Guibert, le directeur du CRITT bio-industrie de Toulouse, groupement scientifique chargé des analyses. Il souligne que "la cause de la mortalité n'a toujours pas été déterminée".

"On ne sait pas encore si elle est due à un empoisonnement par toxines ou par pesticides" car les symptômes que présentent les chiens peuvent s'appliquer aux deux cas. Par mesure de précaution, les communes baignées par le Tarn dans la région des Gorges ont placé près de la rivière des panonceaux en trois langues interdisant son accès aux chiens. La baignade reste autorisée pour les touristes.

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.