Enquête sur le Tarn : l'étrange mort de chiens par empoisonnement (
L'enquête s'oriente vers "un acte de malveillance, un empoisonnement volontaire ou une pollution par un pesticide", raconte-t-il. Investigations de la gendarmerie, autopsies des chiens, analyses de l'eau, tous services de l'Etat concernés alertés... La piste criminelle mène à une impasse. Un spécialiste avance alors l'hypothèse d'une intoxication due aux cyanobactéries, des algues produisant des toxines lorsqu'elles sont stressées. Aucun cas n'avait encore été recensé en France.
A l'été 2003, cette théorie semble se confirmer alors que s'abat sur la France canicule et sécheresse : 11 chiens intoxiqués, six meurent. En 2004, aucun cas n'est recensé : crues importantes pendant l'hiver 2003-2004, printemps pluvieux, orages vers la mi-août ont maintenu un débit satisfaisant. Mais la sécheresse de 2005 a ramené le phénomène : déjà quatre chiens intoxiqués dont trois sont morts.
"C'est essentiellement lié" à la sécheresse, note le représentant départemental du Conseil supérieur de la pêche, Marc Le Baron, interrogé par téléphone. Pour lui, il y a une association de facteurs - température atmosphérique, température de l'eau, débits - qui, associés à la présence de nutriments azotés ou phosphorés, ont tendance à favoriser les développements de masses végétales".
Parmi ces algues figurent les cyanobactéries, qui stressent "quand elles entrent en concurrence avec les autres masses végétales. Elles libèrent alors des hépatotoxines ou des neurotoxines, qui sont ingérées par les chiens", explique-t-il. "Le facteur température paraît déterminant pour la croissance des cyanobactéries et la libération des toxines", estime également le Dr Colardelle en mettant en cause "le phénomène réchauffement général climatique, des étés secs et chauds".
"Clairement, tous les chiens intoxiqués se sont abreuvés aux heures les plus chaudes de la journée", au moment où le dégagement éventuel de toxines est le plus fort. Alors que la faune sauvage, qui se désaltère tôt le matin ou le soir, n'a pas été touchée.
La piste cyanobactéries semble donc privilégiée. "Mais pour l'instant les conclusions ne sont pas claires", prévient Alain Guibert, le directeur du CRITT bio-industrie de Toulouse, groupement scientifique chargé des analyses. Il souligne que "la cause de la mortalité n'a toujours pas été déterminée".
"On ne sait pas encore si elle est due à un empoisonnement par toxines ou par pesticides" car les symptômes que présentent les chiens peuvent s'appliquer aux deux cas. Par mesure de précaution, les communes baignées par le Tarn dans la région des Gorges ont placé près de la rivière des panonceaux en trois langues interdisant son accès aux chiens. La baignade reste autorisée pour les touristes.