BPB se lance dans une surenchère à risques pour contrer Saint-Gobain
La première offre de Saint-Gobain, à 720 pence par action (qui valorise BPB à 3,68 milliards de livres ou 5,4 milliards d'euros), courait initialement jusqu'au 9 octobre. Ce délai est repoussé jusqu'au 25 novembre. Entretemps, la Commission européenne rendra son avis avant le 9 novembre.
Mercredi, dans la foulée de l'annonce du report de date, BPB a publié un communiqué dans lequel il assure qu'il va "profiter de ce délai supplémentaire pour continuer à démontrer qu'il est un cas irréfutable d'entreprise indépendante de premier ordre" et fidéliser ses actionnaires. Le plâtrier, qui avait revu ses prévisions de résultats annuels à la hausse à la mi-septembre, a promis un dividende en hausse de 88% sur trois ans, et qui "progresserait encore largement" après cette date. Comme les analystes s'y attendaient un peu, il a relevé une précédente annonce de retour sur capital, via un rachat d'actions, de 350 à 600 millions de livres, et annoncé des ventes de filiales pour 100 millions, notamment Rawlplug (vissage).
BPB précise néanmoins que cette manne distribuée à ses actionnaires "n'affectera pas ses projets de développement à la fois dans le placoplâtre et dans le plâtre de construction dans les cinq années à venir".
Réagissant en fin d'après-midi, Saint-Gobain a fortement critiqué l'attitude de sa proie, se demandant si les mesures annoncées servaient vraiment l'intérêt des actionnaires, et regrettant que les discussions soient ainsi étalées sur la place publique. Pour le Français, qui maintient son offre à 720 pence, BPB "hypothèque son avenir" et "met en danger" non seulement les perspectives d'avenir de l'entreprise, mais sa stabilité toute entière.
L'agence de notation Standard and Poor's a placé la note de la dette à long terme BBB+ sous surveillance avec implications négatives, estimant que si cet argent était effectivement distribué, "le profil financier du groupe ne serait plus en adéquation avec l'actuelle notation et que celle-ci devrait être abaissée d'un cran".
Le prix proposé pour l'heure par Saint-Gobain, bien que représentant une prime de 40,5% par rapport au cours de clôture du titre BPB le 20 juillet, avant les premières approches officielles, a été systématiquement en-dessous du prix de l'action depuis que l'offre a été lancée officiellement le 31 août.
A la fin d'une première période de 30 jours, terminée le 30 septembre, le français n'a ainsi récolté que 0,88% de l'actionnariat de BPB. Les analystes s'attendent désormais à voir le prix monter jusqu'à 740 à 750 pence, voire au-dessus si des synergies suffisantes sont envisageables. A partir du 25 novembre, Saint-Gobain aura une semaine pour réviser son offre s'il le souhaite, puis les actionnaires deux semaines pour réfléchir, et l'offre sera terminée le 16 décembre.
Selon des rumeurs de marché, le directeur général de BPB aurait récemment rencontré entre 40 et 50 des principaux actionnaires du groupe, représentant à eux tous les trois quarts du capital, et dont la plupart seraient pour l'instant favorables à une position de résistance à Saint-Gobain. BPB a terminé la séance à Londres en baisse de 0,27% à 739 pence, et Saint-Gobain en baisse à Paris de -1,38% à 47,98 euros.