Bouygues Telecom gagne des clients mais perd de l'argent avec ses offres Neo
La gamme de forfaits Neo, lancée le 1er mars, permet notamment d'appeler, de manière illimitée, les fixes et les mobiles de tous les opérateurs le soir après 20H00. Une autre gamme, Exprima, n'inclut que des appels illimités vers les fixes, le soir après 20H00. Le coût du service Neo provient notamment des tarifs de terminaison d'appel que doit payer Bouygues Telecom à ses concurrents pour qu'ils acheminent les communications sur leurs réseaux: comme Bouygues est minoritaire sur le marché (16,76% de part de marché au 31 mars), la majorité des appels passés par ses clients iront vers ses concurrents, donc au prix fort.
"Ce coût sera significatif", estime Exane BNP Paribas dans une note à ses clients, expliquant: "les premiers clients gagnés avec les forfaits Neo sont de très gros consommateurs: leur niveau élevé d'appels sortants augmentera les coûts d'interconnexion entre Bouygues Telecom et les autres opérateurs mobiles". Une analyse partagée par la Société Générale, selon laquelle "le succès des offres Neo va peser sur les marges de Bouygues Telecom en 2006 et en 2007".
Ni Orange ni SFR ne proposent de forfaits similaires, préférant des offres de communications illimitées uniquement à l'intérieur de leur réseau (donc sans surcoût). Mais, selon JP Morgan, qui voit dans le lancement de Neo "une montée brutale de la compétition dans le secteur mobile en France", "une réaction (de la part de Orange ou SFR) semble inévitable en 2006". Bouygues admet d'ailleurs que les résultats de sa filiale mobile dépendront des ripostes commerciales de ses concurrents. Les offres Neo, qui rencontrent "un grand succès commercial, supérieur à nos prévisions", sont "la réponse de Bouygues Telecom à la convergence fixe-mobile au domicile", qui est la stratégie de Orange et SFR, affirme la porte-parole de Bouygues.
Pourtant, les analystes qui ont assisté à la présentation jeudi matin des résultats trimestriels ont fait état de possibles nouvelles orientations stratégiques de l'opérateur, clairement sous le signe de la convergence: "Bouygues Telecom étudie l'opportunité de proposer un téléphone Wifi/GSM mais est préoccupé par le prix des terminaux", rapporte la Société Générale.
L'opérateur "a confirmé la signature d'un accord commercial avec un fournisseur d'accès internet pour une offre commune fixe/mobile pour les clients professionnels, qui serait lancée d'ici la fin de l'année", indique-t-elle aussi.
Un flou, ajouté aux rumeurs de cession de Bouygues Telecom, encore démenties jeudi matin par sa maison-mère, qui a un peu refroidi les investisseurs: à la clôture, le titre Bouygues chutait de 6,08% à 39,21 euros, dans un marché en baisse de 2,91%.