Accident sur un chantier à Pékin: la transparence des JO en question
"L'entreprise a voulu cacher l'accident, une attitude qui a créé un impact social négatif", a indiqué la Commission municipale de construction dans un communiqué destiné aux autres firmes impliquées dans les nombreux chantiers en cours dans la capitale chinoise, les plus importants étant liés aux jeux Olympiques. La presse a rapporté qu'une dizaine de personnes travaillant pour l'entreprise, dont le contremaître et des architectes, avaient été arrêtées. Mais lundi, soit cinq jours après l'accident, la municipalité n'avait toujours pas donné de détails sur les causes du drame. Interrogé par l'AFP, le Comité d'organisation des jeux Olympiques (Bocog) a refusé de commenter l'affaire, sous prétexte que le chantier est placé sous la responsabilité de la municipalité et ne serait pas directement un projet des JO.
L'extension du métro de Pékin fait pourtant partie d'un projet de 40 milliards de dollars destiné à moderniser la capitale avant les jeux qui démarreront le 8 août 2008. Au bureau du porte-parole de la ville de Pékin, personne non plus ne souhaite répondre aux questions sur l'accident et la tentative de le dissimuler. Pour le président du comité d'organisation des jeux et secrétaire du Parti communiste chinois (PCC) de Pékin, Liu Qi, les JO doivent permettre à la Chine d'afficher son meilleur visage économique et social.
"Nous voulons montrer que la Chine est un pays riche en histoire et civilisation (...) et nous voulons aussi que le monde entier constate les progrès économiques et sociaux du pays", déclarait-il récemment. Dans cette optique, l'accident sur le chantier du métro apparaît comme un sérieux revers. "Cela soulève vraiment le problème de la transparence", a commenté Robert Broadfoot, de Political and Economic Risk Consultancy, une société basée à Hong Kong et chargée de conseiller les investisseurs en Chine et en Asie.
"Depuis que la Chine a obtenu l'organisation des jeux (en 2001) on ne peut pas dire que la transparence soit évidente", a déclaré M. Broadfoot à l'AFP. "La tentative d'étouffer cet accident n'est donc pas une surprise", a-t-il ajouté. Si le Comité international olympique (CIO) a souvent félicité les autorités chinoises pour l'avancée des travaux et la qualité des projets d'infrastructure, certains de ses membres ont soulevé la question de la transparence à plusieurs reprises.
"Parfois, on se demande si vous parlez vraiment aux personnes qui sont à même de décider", relevait l'un d'eux lors d'une visite récente.