Le ciel semble se dégager pour le secteur du BTP

Le ciel se dégage-t-il enfin pour le secteur du BTP ? C’est en tout cas ce que veut croire la Fédération Française du Bâtiment qui, au cours d’une conférence de presse, a fait part de ses nouvelles prévisions pour 2025.
Ce regain d’optimisme n’était pourtant pas de rigueur fin 2024. L’instabilité politique et financière qui rongeait le pays ne permettait pas au secteur de recommencer sa marche en avant. Le gouvernement Barnier venait d’être censuré sur son projet de loi de finances, plongeant ainsi encore davantage le pays dans l’instabilité.
Depuis, un nouveau premier ministre a été nommé en la personne de François Bayrou. Une loi de finances a enfin été votée et celle-ci s’avère plutôt favorable pour les marchés du logement. Jusqu’à laisser entrevoir une éclaircie à l’horizon pour le secteur du BTP.
Quatre mesures pour relancer l’activité du bâtiment
Olivier Salleron, président de la FFB, s’est félicité au cours de la conférence de presse de quatre mesures bien spécifiques présentes dans le budget 2025. Ces dernières doivent permettre une relance de l’activité bâtiment.
On retrouve parmi elles le retour à un PTZ neuf partout (y compris en zones B2, C) et pour tous les types de logements (y compris l’individuel) jusqu’à fin 2027.
Ces mesures comprennent également l’exonération des droits de donation/succession jusqu’à 300 000 euros par bénéficiaire, dès lors que ces fonds viennent financer une résidence principale neuve ou une rénovation énergétique. La mesure s’étend jusqu’à fin 2026.
Le budget 2025 comprend également la baisse de Réduction de loyer de solidarité (RLS) qui réattribue 200 millions d’euros aux opérateurs HLM pour investir.
Enfin, le secteur du BTP a obtenu la préservation du budget MaPrimeRénov’, avec 2,3 milliards d’euros d’engagement possible, soit au niveau des consommations effectives de 2024.
De premiers signaux encourageants en ce début d’année
À toutes ces mesures s’ajoutent la révision des chiffres officiels de mises en chantier de logements sur 2023 et 2024, soit 40 000 unités de plus, la rapide matérialisation en chantier du plan Action Logement-CDC Habitat, ainsi que l’amélioration qui se poursuit sur le marché du crédit.
Résultat, l’activité du secteur repart peu à peu. Les constructeurs de maisons individuelles constatent une reprise des ventes, avec près de +30 % en glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2025. La reprise s’amorce également chez les promoteurs, avec +6,6 % pour les ventes au détail du quatrième trimestre 2024 par rapport au même trimestre de 2023.
Par ailleurs, la FFB retient un recul de l’activité en logement neuf limité à -5,4 % en volume sur 2025, après -19,1 % en 2024. De plus, et compte tenu du redressement attendu des mises en chantier qui passeraient un peu au-dessus de 300 000 unités en 2025, la production pourrait se redresser en 2026.
Tout n’est pas rose pour autant
La dynamique n’est cependant pas la même pour l’investissement en locaux professionnels, pour qui l’horizon ne se dégage que modérément. Pour la FFB, les surfaces autorisées ressortiront quasi-stables en 2025 et les surfaces commencées afficheront une baisse limitée de 2 %. Compte tenu des délais de production et de la chute continue des ouvertures de chantier sur les deux dernières années, la Fédération constatera toutefois un recul accéléré de l’activité en non résidentiel neuf, à -8,4 % en volume en 2025.
Il faut se tourner du côté de l’amélioration-entretien pour constater la seule dégradation par rapport à l’exercice de décembre 2024. La FFB n’avait pas anticipé l’impact de la censure sur la distribution de MaPrimeRénov’ : malgré des barèmes quasiment inchangés, les primes n’ont pu commencer à être accordées avant le vote de la loi de finances. Sur cette aide, 2025 ressemblera donc finalement à 2024, avec un début d’année catastrophique. Alors que la rénovation du non résidentiel se tassera par ailleurs, l’activité en amélioration-entretien s’inscrira en modeste hausse de 0,6 %.
En définitive, pour le bâtiment et grâce au moindre recul du neuf, la prévision FFB d’activité post loi de finances ressort à -2,6 %, contre -5,6 % affiché fin décembre 2024.
Quid de l’emploi et des défaillances d’entreprises ?
Qu’en est-il de l’écart entre évolutions de l’activité et de l’emploi ? En 2024, alors que la production abandonnait 5,5 % en volume, les effectifs salariés et intérimaires en équivalent-emplois à temps plein reculaient de « seulement » 2,1 %, soit environ 30 000 postes perdus.
Malgré une éclaircie qui semble poindre à l'horizon 2026, la FFB retient une accélération des pertes d’emplois, alors que l’activité continue de se replier. Le scénario de la Fédération table donc maintenant sur un recul d’environ 4 % en 2025, soit 50 000 postes de moins en moyenne annuelle.
Si rien n’est fait, l’artisan ou l’entrepreneur peut mettre en risque sa structure, d’autant que l’on constate une dégradation des trésoreries et des marges au cours des derniers mois. D’ailleurs, après +22,5 % en 2024, le nombre de défaillances croît encore, à +6,5 % en glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2025.
Jérémy Leduc
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