Industries du bâtiment : après une année 2024 morose, 2025 s’annonce tout aussi difficile
L’année 2024 s’est révélée particulièrement difficile pour les industriels du bâtiment, selon l’AIMCC (Association des industries des produits de construction). 96 % des répondants ont constaté une baisse de leur volume d’activité, dont 55 % enregistrant une chute supérieure à 10 %.
Le gros œuvre a été le plus touché, tandis que le second œuvre et les équipements ont également subi des baisses significatives, bien que plus disparates. Cette diminution d’activité est principalement attribuée à un manque de demande et à l’augmentation des coûts, notamment salariaux, liés à l’inflation.
Après la chute, le choc social ?
L’année 2025 s’annonce tout aussi complexe. Près de 79 % des industriels anticipent une poursuite de la crise avec une baisse d’activité dans les trois secteurs. Le gros œuvre, déjà fortement touché en 2024, ne voit pas d’amélioration à court terme. Le second œuvre, moins affecté l’an dernier, prévoit cette fois-ci une nette détérioration. Concernant les équipements, les perspectives varient en fonction de la nature des produits concernés.
Parmi les principales inquiétudes, la demande insuffisante reste le premier frein cité par 35 % des répondants. Pour la première fois depuis plusieurs années, la question des effectifs devient un enjeu majeur, avec près de la moitié des industriels envisageant des réductions de personnel. Si le recours aux contrats d’intérim et à l’activité partielle était jusque-là privilégié, certains n’excluent plus la mise en place de plans sociaux. Les techniciens restent les profils les plus recherchés pour l’année à venir.
Selon une enquête interne, 52 % des adhérents de l'association estiment que leurs effectifs « vont diminuer » en 2025, contre 43 % prévoyant qu'ils vont « stagner ». Pour l'instant, « il y a eu assez peu de plans sociaux, les entreprises ont essayé de les éviter en adaptant leurs effectifs via la fin de leurs contrats d'intérim », a prévenu en conférence de presse Jacques Manzoni, président de la commission économique de l'association qui regroupe les fabricants de matériaux, « mais certains plans sociaux sont à l'étude aussi bien dans les secteurs industriels liés au gros œuvre que dans le second œuvre ».
Si les industriels estiment être globalement compétitifs, ils pointent du doigt les contraintes réglementaires et fiscales comme des freins majeurs, notamment au sein de l'Union européenne.
Philippe Gruat, président de l’AIMCC, souligne que « l’année 2025 sera décisive pour la filière », et appelle à « la solidarité des acteurs du secteur pour traverser cette période difficile ».
Marie Gérald
Photo de Une : Philippe Gruat