En 2024, la construction métallique affiche une « santé de fer »
Alors que la construction résidentielle est toujours en alerte rouge, la construction métallique, elle, affiche une « santé de fer ». C’est ce qu’indique le syndicat de la construction métallique de France (SCMF), dans sa note de conjoncture de 2024.
Ainsi, 790 000 tonnes ont été mises en œuvre, contre 767 143 en 2023. Cela revient à une croissance en volume de 3 %. Sur les dix dernières années, le volume annuel progresse de 1,8 %, voire de 2,5 % entre 2020 et 2024.
Une croissance qui sort de la spirale inflationniste
Les adhérents de la structure - qui concentre 70 % du chiffres d’affaires - enregistrent une activité à plus de 4 milliards d’euros, dont 5 à 10 % à l’export. On pourrait croire à un effet inflationniste sur les prix de matériaux, sur fond de guerre en Ukraine. Mais plus vraiment.
« Dans la croissance 2020-2024, une partie de cette croissance a été portée par le prix de l'acier qui avait fortement augmenté. On est revenu à des niveaux de prix de l'acier normaux, et surtout stables », nous rapporte Emmanuel de Laage, président du SCMF, élu en décembre 2024.
« C’est important, la stabilité. Cela veut dire qu’on sera en capacité, quelques mois plus tard, d'acheter au prix où on a chiffré. Ce qui n'était pas forcément le cas les années précédentes », insiste-t-il.
En attendant, le tonnage global de commandes reçues en 2024 prend 5 % par rapport à 2023. « Depuis le début de l’année 2023 jusqu’à la fin de l’année 2024, la courbe de tendance linéaire représente un «faux plat », signe d’une évolution positive constante », souligne le SCMF dans son bilan.
La productivité - c’est-à-dire le tonnage par personne - grimpe de 1,44 % entre 2022 et 2023. Une évolution positive, quand regarde les chiffres de 2021-2022 (-2,4 %).
Doit-on craindre un impact de la taxe américaine concernant l’importation de l’acier et de l’aluminium, sur l’activité de la construction métallique en France ? « Nous ne sommes pas exportateurs ou peu exportateurs. Notre premier marché, c'est la France, et notre deuxième marché, c'est l'Europe. En tant que charpentier métallique, nous n'exportons pas aux États-Unis, donc nous ne sommes pas directement concernés par les problèmes éventuellement de taxes mises en place par la nouvelle administration américaine », rassure Emmanuel de Laage.
« Par contre, ces taxes sur l'acier peuvent avoir un effet boomerang sur le marché de l'acier en Europe et donc le prix de l'acier sur cette zone », évoque le président du SCMF, sans estimer l’ampleur de cette évolution.
Toutefois, un recul des mises en chantier pour les constructions industrielles
Il faut dire que ce segment du neuf s’adresse plutôt aux bâtiments industriels (60,65 %, 465 254 ouvrages).
« La réindustrialisation de la France a porté nos entreprises. On sort de quatre ans de belles activités, de belles croissances, de belles performances », nous développe Emmanuel de Laage.
« L'horizon 2025-2026 est un peu plus sombre, un peu plus ombragé. Les chantiers qui démarrent sont moins nombreux », déplore cependant le président du SCMF.
D’après les chiffres du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, 20 millions de m2 de locaux non-résidentiels mis en chantier sont dénombrés en 2024 (-10,6 % par rapport à 2023). En parallèle, 37,6 millions de m2 de locaux non résidentiels ont été autorisés en 2024. Des niveaux stables par rapport à l’année précédente.
« La perspective des élections municipales va forcément ralentir un peu la commande publique. La confiance, notamment des industriels, est quand même un petit peu écornée avec une situation politique qui n'est pas porteuse de stabilité », abonde M. de Laage.
Sans compter les bâtiments agricoles, silos et trémies (11,95 %, 91 657 ouvrages), ou les ponts et passerelles (6,09 %, 46 691). À cela s’ajoutent les autres bâtiments (commerciaux, sportifs & sociaux, établissements d’enseignement, hôpitaux & établissements de santé, logement), qui concentrent 7,03 %.
« Les autres ouvrages, de types ombrières et supports de centrales photovoltaïques, représentent une belle dynamique avec plus de 12 % des affaires », lit-on également dans la conjoncture.
Le plan « France Métallique » lancé
Le recrutement évolue peu, avec +1,54 % d’effectif permanent et +1,04 % sur l’effectif total (incluant les intérimaires). « Si le nombre d’intérimaires baisse de 7,51 % fin 2023 par rapport à fin 2022, les autres catégories d’emploi, en revanche, marquent une progression. Ainsi, la catégorie des ouvriers chantiers prend 3,43 % et celle des ouvriers ateliers 1,77 %. Quant aux cadres et ETAM, l’augmentation est plus mesurée, avec +0,62 % », détaille le SCMF.
Il n’empêche que le syndicat se montre optimiste pour 2025. L’année en cours sera marquée par le lancement du plan « France Métallique » en juin, lors du Congrès annuel du SCMF. Jusqu’à 2028, la feuille définit six axes stratégiques : promotion, compétitivité, transition écologique, compétences, innovation/numérisation ainsi que le renforcement du réseau.
« Il faut positionner le syndicat dans la dynamique de son plan stratégique 2028, être en capacité d'accompagner à la fois nos adhérents actuels, mais aussi des adhérents que l'on veut aller chercher dans les territoires, sans doute des adhérents de plus petite taille, avec des besoins et des services, auxquels il faut répondre », se projette Emmanuel de Laage.
Virginie Kroun
Photo de Une : Emmanuel de Laage (président) et Hervé Gastaud (délégué général) du SCMF - V.K