Défaillances : l'orage se dissipe pour certaines activités du bâtiment

« Ce premier trimestre n’a pas encore permis de voir le nombre des défaillances d'entreprises reculer mais l’orage s’éloigne même si des nuages persistants nous invitent à rester prudents et patients ». Voilà comment Thierry Millon, directeur des études du cabinet Altares, résume le bilan des défaillances d’entreprises au début 2025.
Au total : 17 845 défaillances entre le 1er janvier et le 31 mars 2025. Le nombre progresse ainsi de 4,4 % par rapport à la même période de 2024. Il reste au dessus de la moyenne des 15 300 observés tous les premiers trimestres depuis 15 ans et frôle même le plafond de 18 000 défauts franchi en 2015. Cette hausse s’avère toutefois la plus faible depuis 4 ans.
Les défaillances dans les montagnes russes, selon les tailles d’entreprise...
Dans le détail, 373 jugements ont été enregistrés au T1 2025. Cela inclut une hausse de 6,9 % des procédures de sauvegarde, de 7 % de redressements judiciaires, de 3,3 % de liquidations judiciaires (12 395 prononcées, 69,5 % des procédures).
« Comme attendu, la sinistralité entrepreneuriale est circonscrite depuis six mois autour de 68 000 défauts. Une stabilité portée en ce début d’année par les plus petites structures comptant moins de 3 salariés. Les plus grandes, au-delà de 100 salariés, accusent de leur côté une forte dégradation qui pèse lourdement sur l’emploi », lit-on dans la conjoncture.
Il n’empêche que les microentreprises concentrent 72 % des défauts, pour 12 867 tombées en défaillance (+3,6 %). L’augmentation de défaillances est plus forte du côté des 3 507 TPE de 3 à 9 salariés (+8,8 %). Stabilité chez les PME de 10 à 99 salariés, avec 1 407 ayant défailli, contre 1 394 l’année dernière.
N’oublions pas les PME-ETI de plus de 100 salariés, comptant 64 structures en défaillance (+28 % comparé au T1 2024). « 14 de ces défauts se situent dans le secteur du social (aide à domicile, action sociale) ou médical (activités hospitalières) », souligne Altarès.
Les montagnes russes ne s’arrêtent pas là, car si les défaillances bondissent dans les Pays-de-la-Loire et la Corse, elles reculent en Centre-Val-de-Loire et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Gare cependant aux 71 400 postes menacés, contre 73 700 au T1 2009, en pleine crise financière.
+2 % de défaillances dans la construction
« Affecté par la crise de l’immobilier depuis plusieurs trimestres, le secteur de la construction (+2 %) donne des signes de rebond dans quelques branches en ce début d’année », indique Altares.
Le bâtiment compte certes des activités en dégradation, entre la maçonnerie générale (+5 %), le second oeuvre (+2 %), et notamment la très mauvaise tendance en plâtrerie (+17 %).
D’autres segments d’activité montrent des signes de bonne santé : les travaux d'installation électrique (-3 %) et le gros oeuvre, porté par « une belle performance dans la construction de maisons individuelles (-14 %) ».
Malheureusement, la promotion immobilière reste fragile (+21 % de défaillances). Notons toutefois qu’il s’agit « davantage des défaillances de supports de programmes que d’acteurs de la promotion immobilière de logements », selon Altares, qui ajoute : « En illustration de l’accalmie naissante dans l’immobilier, le nombre de défauts d’agences immobilières recule de 17 % après avoir atteint en 2024 son niveau le plus haut depuis l’été 2009 ».
Au niveau des travaux publics, les défaillances grimpent de 13 %.
« Dans un contexte politique, économique et géopolitique déjà compliqué, les annonces du président américain troublent davantage les perspectives économiques. S’il est trop tôt pour en mesurer précisément les effets, il demeure que cette guerre commerciale va contraindre les dirigeants à devoir corriger leurs prévisions de revenus, d’investissement, d’emploi et donc de performance financière. La supply chain va être challengée et les trésoreries très sollicitées. La gestion du cash avait sonné comme une évidence depuis la Covid et la hausse des taux, il va falloir pourtant redoubler d’efforts sur cette question pour tenir et sécuriser sa croissance », conclut Thierry Millon.
Par Virginie Kroun
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