Le marché de l'éolien en prend un « coût »
Un développement éolien pas nécessaire ?
En effet, sur le plan environnemental, le déploiement massif de cette filière ne se justifie pas « dans un contexte français où la production d'électricité émet déjà très peu de CO2 en raison de la forte part qu'y occupent le nucléaire et l'hydraulique » justifie l'élève ingénieur au corps des mines. Avec près de 77 % de nucléaire et 12 % d'hydraulique, la France est le pays d'Europe qui a la production électrique la plus sobre en termes d'émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, en France, le potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur de l'électricité est particulièrement limité.
L'institut Montaigne insiste aussi sur le coût complet de l'éolien qui est « une énergie plus chère qu'il n'y paraît ». Et même si le coût initial explique la majeur partie du coût de l'éolien, « ce coût est aujourd'hui à la hausse, d'une part en raison de l'augmentation du prix des matériaux de construction et, d'autre part, en raison de la forte demande d'éoliennes à travers l'Europe» complète l'étude. Il faut aussi inclure dans le coût complet d'une éolienne, l'augmentation des « réserves d'équilibrage ». En raison de l'intermittence d'une éolienne due aux vents variables, des réserves de production électriques « traditionnelles » sont adossées à celles-ci pour pallier aux interruptions. Au final, l'étude estime le coût annuel complet de l'éolien terrestre à 163 euros/kW, alors que les économies réalisées chaque année grâce à ce procédé sont de 87 euros/kW d'éolien.
Un nouveau pamphlet contre cette énergie ?
Mais pour André Antolini, président du Syndicat français des énergies renouvelables (SER) interrogé par l'AFP, les chiffres avancés par cette étude ne sont «pas conformes à la réalité» et font abstraction des analyses menées par la Commission de régulation de l'énergie (CRE). «C'est la technologie la plus mature en termes d'énergies renouvelables et la France a le second gisement de vent en Europe», ajoute-t-il. Une attaque de plus contre cette filière au fur et à mesure que l'examen de la loi Grenelle par le Parlement se rapproche ?
Marché de l'éolien en France : En mai 2008, plus de 2.200 éoliennes étaient installées sur le territoire français, ce qui équivaut à une puissance de 3.000 MW. Une moyenne de 1.000 MW d'éolien est construit chaque année et 7.300 MW d'éolien à venir ont déjà reçu leur permis de construire. Cinq régions concentrent 57 % de la puissance éolienne installée : le Centre (13 %), la Lorraine (13 %), la Bretagne (11 %), la Picardie (10 %) et le Languedoc-Roussillon (10 %). Moins de 20 % des éoliennes sont implantées dans le régime de vent méditerranéen, contre près de 50 % dans le régime continental. (Données : SER) |
Marché mondial de l'éolien : Au premier janvier 2008, la France se situait au 5e rang européen et au 10e rang mondial en termes de puissance éolienne installée, loin derrière l'Allemagne, l'Espagne, les Etats-Unis et l'Inde. Le Danemark est le pays qui produit la plus grande partie de son électricité à partir de l'énergie éolienne (25 %). Le marché de l'éolien est en forte croissance à l'échelle mondiale (plus de 25 %/an). Au premier janvier 2007, 78 GW étaient installés. Ce chiffre reste toutefois marginal si on le compare aux dizaines de GW de centrales à charbon installées chaque année rien qu'en Chine. (Données : SER) |
*) Institut Montaigne : « think tank » (institution de droit privé, regroupant des experts, plus ou moins spécialisés, émettant des idées) économique créé en 2000 par Claude Bébéar, président du conseil de surveillance d'Axa
Bruno Poulard