Faut-il obliger les sans-abris à aller dans les foyers ?
Dans un communiqué reçu hier, l'association Droit au logement (Dal) prévient : "les conséquences prévisibles d'une telle mesure seront d'amener les sans-abri qui répugnent à vivre dans des foyers d'urgence à se cacher toujours plus loin dans des conditions sanitaires toujours plus risquées. Il n'est plus temps de traiter les questions sociales par la répression et s'il doit y a voir une contrainte, c'est celle qui doit s'imposer aux institutions : accueillir décemment tous les sans-abri et les ménages en grande précarité, et loger réellement ceux qui le demandent doit devenir une obligation de la collectivité publique".
200 sans-abris au Bois de Vincennes
L'association rappelle par ailleurs que : "En Grande-Bretagne, les personnes à la rue vulnérables, par une simple démarche auprès de leur assistante sociale, peuvent trouver un hébergement, puis un logement, dans des délais rapides. Qu'attend la France ? Les sans-logis, les mal logés, les locataires et ceux qui les soutiennent voient filer les milliards de l'épargne populaire pour renflouer les banques et les promoteurs, tandis que la crise du logement s'étend et frappe de plus en plus violemment".
Cette annonce de la ministre fait suite à la médiatisation d'un troisième cas de décès de SDF cette saison. Le corps a été découvert mardi au Bois de Vincennes, où on estime qu'environ 200 sans-abris ont élu domicile. La Ville de Paris a aussitôt annoncé l'extension de son dispositif d'aides aux SDF avec l'ouverture de 120 nouvelles places d'hébergement d'urgence d'ici janvier, dans le 5ème et le 15ème arrondissement. La Ville doit ainsi investir 45 millions d'euros pour le déploiement de ce dispositif. Espérons en tous cas que celui-ci ne tournera pas en eau de Boutin...
L'Association Droit au logement (Dal) a été créée en 1990, par des familles mal-logées ou sans-logis et des militants associatifs de quartier, dans le 20ème arrondissement de Paris. Elle est née à la suite du campement durant quatre mois de 48 ménages, essentiellement des familles avec enfants, expulsées en mai 1990 de deux immeubles squattés. Après quelques jours de forte mobilisation médiatique, le gouvernement avait nommé un médiateur afin de résoudre ce conflit autrement que par la force. Les familles avaient finalement pu être relogées. |
Laurent Perrin