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Versailles, dans les coulisses d'un sacré chantier

Publié le 11 septembre 2002

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Trente-six milles ouvriers et toutes les forces du pays pour le plus grand chantier de France… Après un exceptionnel travail de chercheur, Frédéric Tiberghien nous emmène sur l'incroyable chantier du château de Versailles

Versailles, dans les coulisses d'un sacré chantier - Batiweb
Le plus beau de nos monuments nationaux, le château de Versailles, a fait l'objet de nombreuses thèses et études. Mais nul, jusqu'ici ne s'était vraiment penché sur le fait de savoir comment se déroula la construction elle même. On sait que tous les corps de métiers du royaume y participèrent, mais combien étaient-ils payés, comment travaillaient-ils et selon quel plan de charge ? Bref, comment, se déroula la réalisation de ce chantier qui ne dura rien moins qu'une cinquantaine d'années, soit l'équivalent du règne du roi Louis XIV et qui mobilisa toutes les ressources de la nation. À cette question, ce n'est pas l'historien qui nous apporte une réponse mais le chef d'entreprise : Frédéric Tiberghien. En l'espace de plus de trois cents pages, son ouvrage étonnant Versailles, le chantier de Louis XIV (éditions Perrin) dévoile tout sur ce qui fut le plus grand et le plus célèbre chantier du XVIIe siècle en Europe. Un chantier qui, de surcroît, demeura en permanence sous la haute surveillance du roi lui-même. Versailles est son œuvre autant que son chef d'œuvre.

Versailles n'est pas un château, c'est une ville
Car Versailles n'est pas qu'un château, c'est aussi et surtout le déplacement de la capitale du royaume vers une ville nouvelle créée de toutes pièces par le gratin des constructeurs et des artisans. Il est vrai, comme cela fut souvent dit, que Versailles est le fruit d'une jalousie : celle de Louis XIV pour le surintendant Fouquet et son château de Vaux-le-Vicomte, grande réussite d'hommes comme l'architecte Le Vau, le paysagiste Le Nôtre et le peintre Le Brun. Trois hommes qui, bien évidemment, s'empressèrent de se mettre au service du jeune souverain quand celui-ci se mit à rêver son château. Versailles, à l'origine, n'est qu'un relais de chasse, celui de son père Louis XIII. Louis XIV aime la chasse, comme tout les Bourbon, parce qu'elle le délasse des intrigues de la cour et des embrouilles du gouvernement. C'est donc ici qu'il imagine de concrétiser son rêve.
Frédéric Tiberghien nous emmène dans un autre Versailles. Celui d'un immense et perpétuel lego dont les plans vont s'élaborer au fur et à mesure, durant 50 années. Dès 1661, les premiers travaux d'aménagement commencent. Très vite, c'est la démesure. Avec ses 36 000 ouvriers, le chantier de trois hectares à ses débuts atteindra la surface record de 11 000 hectares. Sous la direction de l'omniprésent Colbert qui note tout et pense à tout, et sous la houlette de Mansart, l'un des meilleurs architectes du pays, une ville royale sort de terre. L'auteur ne cache rien de la pharaonique entreprise, cavale financière, expropriations, bouleversements sociaux et économiques, mais aussi conditions de vie et exploits techniques qui, comme une machine infernale, vont enflammer les bâtisseurs. Chose étonnante, les Archives nationales conservent tous les documents de ce gigantesque chantier dont l'auteur révèle également une étonnante modernité. Une masse colossale de documents que Frédéric Tiberghien à mis à jour à la manière d'un archéologue perfectionniste et passionné. Il nous livre, dans un style très romancé, une synthèse éblouissante et unique de ce qui fut et reste la plus grande entreprise architecturale de la France.
Versailles, le chantier de Louis XIV, Frédéric Tiberghien, Ed Perrin, 25 euros, 384 p.

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