La reine Elizabeth a dû penser schocking ! Au cœur de la city, à quelques encablures des fenêtres de Buckingham Palace, s’élève une magnifique tour que les londoniens ont dé jà baptisée le "cornichon érotique".
Sir Norman Foster, l’architecte de la nouvelle tour des assurances Swiss Re va durablement marquer de son style le quartier financier de la City. Bien que la forme de sa tour évoque plus un obus ou un suppositoire qu’un fruit ou un légume, les londoniens s’obstinent à assimiler ses couleurs à celles d’un cornichon dont l’architecture oblongue et phallique évoque un érotisme troublant. Ils l’ont donc ainsi baptisée d’emblée "le cornichon érotique". Mais ce sobriquet n’a chez les Anglais rien d’une critique. Pour la plupart, cette marque d’irrévérence est plutôt, comme c’est la coutume outre Manche, le signe d’une reconnaissance voire d’une admiration. Car la tour de Norman Foster, du haut de ses 180 mètres et de ses 40 étages, tranche aussi par la légèreté de son architecture d’aluminium et la mosaïque « blue and green » rayonnante et contrastée du verre de sa façade. Pour beaucoup, l’architecte vient d’offrir à la conservatrice capitale une œuvre d’art digne du troisième millénaire, prélude à une architecture novatrice dont la ville a, depuis quelques temps, un solide appétit. En confiant son projet et son budget de 200 millions d’euros à Norman Foster, la compagnie Swiss Re savait que l’architecte ferait naître l’évènement. Celui-ci n’en est pas à son coup d’essai. On lui doit quelques réalisations surprenantes comme le nouveau Reichstag de Berlin et son impressionnante coupole de verre, l’étonnante architecture du métro de Bilbao, la surprenante tour Dawoo à Séoul ou encore en France, le carré d’art de Nîmes qui forme, face à l’antique Maison Carré, un trait d’union entre trois millénaire d’architecture. Norman Foster, chantre de l’expressivité technique, fut d’ailleurs anoblie par la souveraine Britannique après la construction du plus célèbre de ses bâtiments, la tour de la Hong Kong and Shangaï Bank à Hong Kong. Cette nouvelle tour londonienne devrait donc, malgré son difficile qualificatif populaire, ouvrir la voie à une autre vision du pôle des affaires de Londres. Car pour ramener en son centre les emplois et une population qui peu à peu l’abandonnait, la capitale britannique s’est lancée dans un vaste programme de construction de tours. Cinq d’entre elles devrait rapidement rejoindre le "cigare" tout neuf de Swiss Re qui voisine déjà sur Mary Axe St avec le Canary Wharf. Cet immeuble pyramidal détient aujourd’hui avec ses 244 mètres de hauteur le record du plus haut gratte ciel du pays. Un record qui devrait être rejoint par la Heron Tower qui s’élèvera bientôt à 220 mètres. Ce sont en fait au total plus de 20 projets de tours qui pourraient prochainement voir le jour à proximité des Docks ou dans la City. Des réalisations qui, au dire des urbanistes londoniens pourraient bien à terme faire pâlir d’envie les occupants du quartier de la Défense à Paris. Une réflexion qui fait dire aux anglophobes continentaux que le "cornichon érotique de Londres" ne serait en fait que l’instrument d’une nouvelle stratégie concurrentielle de la "perfide Albion".