Un pont suspendu à l'entrée de Jérusalem-ouest
C'est un bouleversement de taille dans une ville qui doit son architecture historique au roi Hérode ou à Soliman le magnifique, entre autres, et dont les constructions modernes sont surtout fonctionnelles. Le monument déjà controversé va devoir trouver sa place à côté des pierres millénaires du mur des Lamentations ou du dôme doré de la mosquée d'Al Aqsa. Le pont ne déplaît pas à Benyamin Nakonechay, un juif ultra-orthodoxe de 27 ans, interrogé dans la rue, mais le jeune homme trouve qu'il n'est pas à sa place. "Je ne crois pas que Jérusalem ait besoin de quelque chose comme ça. Nous avons nos propres monuments". D'autres plus positifs y voyaient un clou géant et tordu, une toile d'araignée ou même la "harpe de David".
Son concepteur dit penser pour sa part à une harpe ou "une tente dans le désert". Mais pour l'architecte Ami Ran, professeur à l'université de Tel Aviv et qui publie le trimestriel "Architecture en Israël", c'est "un monstre" qui exprime "l'ego d'un architecte et pas la ville de Jérusalem elle-même".
Pour Tom Segev, historien et sociologue qui réside à Jérusalem, le pont est "magnifique", mais son objectif est plus politique qu'esthétique: établir un symbole de l'Etat hébreu qui puisse rivaliser avec la mosquée d'Al Aqsa. "Quand on montrera une photo de Jérusalem, on verra le pont comme dans une photo de New York on voit l'Empire State Building". Mais "je ne crois pas que cela marchera".