Un jardin pour frontière
Le projet du "Jardin des Deux Rives" signifiait pour Strasbourg de remodeler entièrement sa façade orientale et de créer de nouvelles infrastructures de transports, une meilleure liaison entre le centre-ville et le Rhin, de la place de l' Etoile jusqu'au pont de l'Europe. En 2000, un jury franco-allemand a décerné le premier prix du concours pour le réaménagement de cet espace à l’architecte allemand Rüdiger BROSK. Son projet consiste en une structure circulaire évoquant l'Europe. Une "darse", sorte de canal, sera creusée du côté strasbourgeois pour former avec le bras mort du Rhin, côté Kehl, l'ébauche de ce cercle. Une promenade circulaire le complétera avec une passerelle pour piétons franchissant le Rhin. On pourra ainsi faire le tour du jardin public. Celui-ci est composé d'allées perpendiculaires au fleuve évoquant le thème du temps et de la communication. Le résultat final rappelle un peu un immense jardin Zen, peut-être censé sublimer les relations franco-allemandes.
Aujourd’hui, ces grands travaux touchent à leur fin. La passerelle Mimram, dessinée par l’architecte français Marc Mimram, est un ouvrage suspendu à double tablier entre les deux rives du Rhin. Sa structure extrêmement aérienne sera le centre symbolique du "Jardin des deux rives". Mais voilà : à un mois de l’inauguration du Jardin, les ingénieurs en charge du chantier de la passerelle se sont aperçus qu’elle pourrait encourir des problèmes oscillatoires ou de vibrations. Comment évaluer de façon précise les désagréments dus aux vibrations pour ses usagers, et installer, au cas où il se montreraient nécessaires, des amortisseurs ? Simple, en en engageant une cinquantaine de lycéens de Kehl pour sauter, courir et marcher au pas.
Les lycéens ont préparé cette expérience en cours de physique, où des ingénieurs en génie civil sont venus leur donner des explications sur les phénomènes vibratoires et d'oscillations. "Il ne s'agit évidemment pas de mesurer la solidité du pont, nous n'avons aucun doute là-dessus", précise Wolfgang Graesslin, l'un des ingénieurs en charge de ce chantier en cours d'achèvement. "Le but est de mesurer précisément les oscillations provoquées par les déplacements. Si ces oscillations sont trop importantes et qu'elles entraînent un désagrément, nous installerons des amortisseurs supplémentaires". Pour cela, des centaines de capteurs ont été installés sur les rambardes de la passerelle, pendant que les lycéens consacraient une journée entière à leurs exercices sportivo-scientifiques, en marchant notamment au rythme des "bips" émis par un métronome électronique. Une expérience innovante et…amusante!