Un chantier de trente ans pour une capitale idéale
Une méthode plus qu'une esthétique
Ainsi, dans la fureur d'une démolition sans précédent, le Paris haussmannien va devenir réalité. Mais au-delà des transformations spectaculaires, ce Paris là est d'abord une méthode avant d'être une esthétique. Et celle-ci se dote d'une une arme ravageuse : la percée. "Figure majeure de la transformation de Paris, la percée vise à relier les quartiers dispersés ou isolés en transperçant la ville d'un point particulier à un autre : un monument (le Louvre), un équipement (une gare ou une caserne) ou une porte urbaine, une place, un pont ou un carrefour important de rues anciennes", écrit Pierre Pinon. Grâces à cette arme redoutable, en l'espace de vingt ans à peine, Paris sera ainsi redessiné : voies élargies, monuments mis en valeur, immeubles reconstruits, végétation envahissant la ville (jardins et arbres bordant les avenues), carrefours nombreux. Bref, Haussmann va apporter, pour la première fois, de la respiration dans une capitale étouffant sous les strates de son passé. Plus qu'une mutation, c'est une révolution urbaine aux conséquences économiques et sociales majeures. Évidemment, les "vieux" Parisiens ne reconnaissent plus leur ville. Ils ont la nostalgie de leur Paris confiné, étroit et secret. Il est bien difficile de résumer en quelques mots le fabuleux travail réalisé par Pierre Pinon dans cet Atlas du Paris haussmannien. Aucun aspect ne lui échappe : qu'il soit financier, immobilier, architectural ou urbanistique. C'est incontestablement la plus complète synthèse réalisée à ce jour sur ce que l'on appelle toujours, le Paris hausmannien. Il nous offre aujourd'hui un étonnant et riche décryptage : celui d'une capitale qui fut par la volonté d'une poignée d'hommes violemment extraite du Moyen âge et projetée en force dans l'ère moderne.
Atlas du Paris haussmannien ou la ville en héritage du second empire à nos jours par Pierre Pinon aux éditions Parigramme à Paris, 49 euros.