Les taiwanais sont au comble de la fierté. Le 11 novembre ils ont inauguré la Taïpeh 101, la plus haute tour jamais construite. Mais le record est provisoire, l’Inde pourrait bientôt dépasser Taïwan de 169 mètres.
Plus de 50 000 Taïwanais se sont rués le 14 novembre dernier à l’inauguration à Taïpeh de la plus haute tour jamais construite par l’homme. La tour Taïpeh 101 (101 étant le nombre de ses étages), avec ses 508 mètres de haut, constitue l’un des plus grands défis jamais lancés aux lois de la nature et au monde de l’architecture. Plus encore qu’un ouvrage record, la tour est un message à l’intention de ses grandes rivales que sont Shanghai en Chine ou culmine la tour Jin Mao à et surtout Kuala Lumpur en Malaisie ou les tours jumelles Pétronas étaient jusque-là détentrices du record mondial de hauteur. Deux pays et deux capitales rivales où les tours géantes symbolisent la puissance et le dynamisme. L’ouvrage taiwanais au profil singulier de pagode, est le fruit d’incroyables calculs et d’une mise en œuvre complexe justifiée par l’incessante répétition sur l’île des tremblements de terre. Des séismes qui n’ont pas attendu que la tour soit terminée. Ils se sont en effet multipliés pendant la construction, permettant au passage aux ingénieurs et architectes de vérifier in situ que leurs projections étaient justes. Pour résister aux tourmentes auxquels la tour devra faire face, les ingénieurs en ont fait un catalyseur géant d’énergie sismique. Le système antisismique qu’ils ont installé réside dans la mise en place au 88ème étage de la tour d’une masse d’acier sphérique de 800 tonnes. Celle-ci, reliée à l’ensemble de la structure, absorbe l’énergie sismique par sa masse d’équilibrage sur un principe identique à celui qui stabilise l’énergie des typhons. Ce système, le TMD (pour Tuned Mass Demper), à été inventé en 1926 par William Le Mesurier.
La tour Taïpeh 101, bâtie sur un enchevêtrement hors normes de 800 tonnes de poutres métalliques marque également le triomphe de l’acier dans l’architecture de cette partie du monde. Mais le gros œuvre n’est pas le seul domaine complexe de l’ouvrage. A titre d’exemple, les ascensoristes, pour loger les 60 cabines de la tour ont du élaborer un circuit qui s’apparente à un véritable réseau vertical de chemin de fer. Les ascenseurs directs rejoignent ainsi le sommet à une vitesse de 60 km/h pour en redescendre à plus de 70. La multiplication des cabines et des différentes voies d’accès suppose, comme on le fait en surface avec le train ou le métro, que le visiteur fasse un choix judicieux de son itinéraire avant de monter. Faute de quoi, il risque fort de s’égarer dans un long et fastidieux voyage entre les étages. Le record de hauteur de la Taipeh 101 n’est cependant peut-être que provisoire. En Inde, dans le village de Karondi, le gourou Maharishi yogi connu pour avoir été le maître à penser des Beatles, envisage de construire une tour de 144 étages d’une hauteur de 677 mètres. Cet ouvrage en forme de pyramide à été imaginé par l’architecte des funestes Twin Towers du World Trade Center de New York, le Japonais Minoru Yamasaki. La construction de cette tour géante et de son complexe, entièrement dédiés à la méditation et destinés à abriter une centaine de milliers de prêtres, aurait du débuter en novembre mais le gouvernement indien n’a pas encore donné son accord. Plus fort encore, des écologistes australiens envisagent sérieusement l’élévation d’une tour solaire, sorte de cheminée géante de 1000 mètres d’altitude, générant de l’énergie par convection. Là aussi, les autorités ont refusé pour l’instant de donner le feu vert à la réalisation du projet. A l’étude, cette tour s’avérerait en effet plus préjudiciable que bénéfique à l’environnement. En attendant, à Taïpeh du haut du 101ème étage de la tour, on essaie déjà d’apercevoir par temps clair, les côtes « bien petites » du continent chinois.