Sur la terre de l'Olympe, on ne sait que faire des palais
Situé à environ 25 kms au nord-ouest de la capitale, le site, du temps de sa splendeur, a accueilli de grandes figures de la monarchie européenne, comme l'empereur d'Allemagne Wilhelm II, le Tsar Nicolas II de Russie, le roi d'Angleterre Edouard VII, l'impératrice d'Autriche-Hongrie Elizabeth (Sissi).

Dans une étable pourrissent des voitures à cheval. Plus loin, un entrepôt dissimule une Rolls-Royce poussiéreuse. Dans les anciennes écuries trône une pyramide de cartons. Leur contenu est encore inconnu, y compris des services du ministère de la Culture, qui viennent tout juste de commencer à les ouvrir pour inventorier les objets qu'ils recèlent.
"Nous ne pouvons rien dire avant que l'inventaire ne soit complet", prévient le Secrétaire d'Etat à la Culture Petros Tatoulis, à l'occasion d'une visite de presse organisée sur le site.
Dans un préfabriqué une équipe du ministère dépoussière plusieurs objets :
un gant de femme, un parasol, des pièces de monnaie, des uniformes, un registre d'entrées, une photo du dernier occupant des lieux - le roi Constantin II - immortalisé aux côtés de sa soeur, l'actuelle reine d'Espagne Sofia. Le dernier inven
taire disponible, réalisé à l'initiative de la mère de Constantin, la reine Frederika, comptait notamment 39 objets d'art ancien et 51 icônes, selon les responsables des lieux. Mais les mêmes avouent ignorer ceux qui demeurent sur place, la famille royale ayant été autorisée en 1991 à récupérer nombre de ses biens.
Bâti au départ pour servir de lieu de villégiature de la famille royale, Tatoï est devenu sa résidence principale après la deuxième guerre mondiale, avant de sombrer dans l'abandon à partir de 1967, au moment de l'exil du roi, qui venait de rater un putsch contre la dictature des colonels, qu'il avait commencé par approuver.
Le domaine a été saisi par la junte au pouvoir en 1973, inaugurant une bataille légale qui n'a trouvé son épilogue qu'en 2002, lorsque la Cour européenne des droits de l'Homme a ordonné à l'Etat grec de dédommager l'ancienne famille régnante à hauteur de 13,2 millions d'euros. Acheté en 1872 par le roi George I, le domaine de Tatoï compte notamment plusieurs bâtiments pour les invités, une ferme, une presse à olives, une serre, une église et le cimetière de la famille royale. Petros Tatoulis a expliqué lundi que la création d'un musée et d'un parc ouvert au public étaient "parmi les projets du ministère". Mais il n'a donné aucun coût pour la restauration du site, ni d'agenda. "Ce n'est pas quelque chose qui peut se faire d'une minute à l'autre, le site a été abandonné pendant des années", a-t-il poursuivi, ajoutant que le gouvernement grec espérait obtenir des fonds européens pour son aménagement.
Les Grecs ont voté l'abolition de la monarchie en 1974, à l'occasion d'un référendum organisé peu après la chute de la junte et la restauration de la démocratie.