Sous les pavés…le plagia
Dès les beaux jours, on voyait ainsi femmes et enfants grimper dans les wagons pour rejoindre les pensions de famille aux noms chantant de «rêves d’azur» et autres «flots bleus». Très vite, la petite ville du Touquet ajouta à son nom celui de Paris-Plage. Un nom qu’elle affiche encore fièrement aujourd’hui bien que les Britanniques, à la faveur du tunnel sous la manche, soient désormais souvent plus nombreux sur les plages du Touquet que les parisiens. Il est vrai que changer Touquet Paris-Plages pour Touquet Londres-Plage pourrait paraître quelque peu singulier. Pour la petite histoire, le train du Touquet Paris-Plage devait aussi, durant plusieurs décennies, être nanti du pathétique surnom de «train des cocus». Un surnom né de l’excessif ennui des belles parisiennes qui souvent esseulées cédaient, aux dires des maris parisiens, facilement leurs faveurs à de beaux messieurs en quête d’aventures...
Mais revenons à nos temps modernes. Si la cité du Touquet revendique la propriété du substantif Paris-Plage la ville de Saint-Quentin réclame en revanche celle du concept de la plage en centre ville. C’est en effet en 1996 que la ville de Saint-Quentin eut l’idée d’installer une plage en son centre, histoire de donner vie au slogan né sur les barricades de mai 68, «sous les pavés, la plage» !
Les fameux pavés laissèrent donc au centre de Saint-Quentin pour la première fois, leur place au sable des plagistes. Mais à l’époque, loin de vouloir faire la révolution, les édiles de Saint Quentin voulaient, comme ceux de Paris aujourd’hui, offrir un petit goût de vacances à leurs malheureux citadins condamnés à passer l’été sur le bitume. L’idée fut ainsi dûment saluée, l’espace d’une édition, par les journaux locaux.
Aujourd’hui l’initiative transposée dans la capitale prend une autre dimension. Elle est devenue un événement festif qui réunit trois millions de visiteurs et dont l'ampleur au sein de la capitale n’échappe pas aux médias du monde entier. Il n’en fallait pas plus pour réveiller les vieilles rivalités entre Paris et la Province. A qui donc en définitive appartient Paris-Plage ? Les trois villes, loin d’en être au stade des procédures se laissent néanmoins entraîner dans la spirale des invectives entre leurs élus respectifs.
Mais, même les plus belles querelles de clocher ont toujours une fin. L’automne et la disparition du sable viendront sans doute à point pour calmer ces revendications municipales estivales et éviter que les pavés, un temps disparus sous le sable, ne fassent un trop gros plouf dans la marre du conseil municipal Parisien.